2022 en 10 albums rap US

En 2021 on avait choisi de mettre seulement 5 albums, cette année on part sur 10. “2022 en 10 albums rap US” c’est maintenant ! Pour le plus grand plaisir de ceux qui n’ont pas vraiment eu le temps de jeter une oreille attentive du côté des sorties américaines ou ceux qui seraient passés à côté de certaines. On attend avec plaisir de voir votre “top” dans les commentaires.

10 Vince Staples : “Ramona Park Broke My Heart”

Vince Staples c’est l’histoire de ce mec surdoué qui fait son taf correctement mais qui nous frustes tellement on le sait au-dessus du lot. Sa signature sur le label Motown Records l’année dernière nous avait fait espérer un très grand album. Malheureusement, “Ramona Parl Broke My Heart” est dans la continuité des précédents. Un projet solide mais sans réelle fulgurance.

A 28 ans, le rappeur de Long Beach nous sert un cinquième album qualitatif, validé de tous mais qui n’est toujours pas le classique que l’on attend de lui. La plupart des titres fonctionnent mais on sent qu’il ne manque pas grand-chose pour en faire une tuerie. Une frustration relative évidement car l’album reste cool et nous y sommes pas mal revenus cette année. Ne perdons pas espoir et espérons que le suivant sera le bon, car comme l’a dit Freeze Corleone en 2016 “fuck le gangsta rap S/O Vince Staples” .

9 Conway the Machine : “God Don’t Make Mistakes”

Nous ne vous referons pas l’histoire de Conway the Machine car nous avons déjà consacré un papier à cette incroyable story. Le rappeur de Buffalo, signé sur le label d’Eminem jusqu’à la sortie de cet album, a pris beaucoup de temps pour la sortie de “God Don’t Make Mystakes” teasé depuis 2020. Une première tracklist de 16 titres avait même été annoncée avant qu’il ne revoie ses plans

Finalement; 12 titres et beaucoup d’invités aussi bien de son crew Griselda qu’extérieur avec notamment T.I., Lil Wayne, Rick Ross ou Beanie Sigel. Conway c’est le retour du rap de kickeur, des projets qui sont actuels avec des sonorités 90’s. Je me répète mais le morceau “Tear Gas” est un vrai bijou, l’écoute du projet est fluide dans son ensemble. Un deuxième album que chez Kiasm on valide en tout cas.

8 Curren$y & The Alchemist : “Continuance”

Après une année 2021 très chargée avec pas moins de 7 projets sortis, Curren$y a été plus calme cette année avec “seulement” 3 sorties sans compter 2 rééditions. J’avoue avoir toujours trouvé ce rappeur très fort mais avoir souvent été noyé sous le rythme de ses sorties et avoir retenu peu de l’ensemble de ses projets…

Avec “The Continuance”, entièrement produit par The Alchemist, le rappeur de 41 ans a su changer la donne. L’alchimie entre les deux hommes n’est plus à démontrer et pour leur 4e projet commun, la recette fonctionne toujours efficacement. Curren$y est un bel exemple du rêve américain, pas besoin de major, on peut tout faire en indépendant et très bien gagner sa vie sans avoir besoin de qui que ce soit. Les invités ont respecté le projet avec Havoc, Boldy James, Wiz Khalifa, Babyface Ray, Styles P et Larry June sur “Endurance Runners” dont le morceau qui sample le jazziste japonais Yuji Ohno est une vraie tuerie. Comme le disait Seth Gueko : “place aux purs emcees comme Curren$y” .

7 Babyface Ray : “FACE”

Les rappeurs de Detroit ont un truc en plus. Peut-être lié à la vie compliquée dans une des villes américaines les plus pauvres. Babyface Ray a évolué sur la scène locale pendant de nombreuses années avant de sortir son tout premier album à 31 ans : “FACE” . Un projet accompli grâce aux innombrables mixtapes envoyées pour se faire un nom entre 2015 et 2020 avant de sortir le EP “Unfuckwitable” puis la version Deluxe qui vont lui permettre de faire plus de bruit à l’échelle nationale. “FACE” est consistant avec 20 titres mais très cohérent musicalement. Icewear Vezzo, G Herbo, 42 Dugg, Pusha T, Wiz Khalif, Yung Lean… Le casting est intéressant et le propos abouti.

Cet album peut être vu comme les conseils éclairés d’un trentenaire sur le monde qui l’entoure. Sous la protection du tout-puissant invoqué par les prières de son père sur l’intro du projet, Babyface Ray enchaîne les pensées positives et négatives au détour de ses rimes en sachant que chacun des moments qu’il vit est potentiellement le dernier. Si vous cherchez un peu de légèreté, écoutez le feat avec Wiz “Kush & Codeine”. Son nouvel album “MOB” est sorti récemment, profitez-en pour l’écouter également, c’est encore de bonne facture.

6 Lloyd Banks : “The Course of the Inevitable 2”

J’avais beaucoup apprécié le premier volume et autant vous dire que j’attendais “The Course of the Inevitable 2” de pied ferme. Là où le précédent était un peu long avec 18 pistes, celui-ci de 14 titres est parfait niveau longueur. Le rappeur du Maryland a su créer une nouvelle recette pour revenir après une pause musicale entre 2018 et 2021, où de son propre aveu il n’avait plus vraiment d’inspiration.

Depuis, l’ancien lieutenant de 50 Cent a su remettre le bleu de chauffe et s’entourer des bons rappeurs. Avec Benny the Butcher, Conway the Machine, Jadakiss, Tony Yayo, Vado & Dave East, on écoute un vrai album de rap. Moins agressif que par le passé, Lloyd Banks n’est pas tombé dans le piège du vieux con rappant que le passé était meilleur. Il avance dans sa vie et semble plus épanoui que sur ses précédents projets, sa vie de père étant sûrement la raison. Un cinquième album de qualité pour quelqu’un qui restera un acteur important du rap US.

5 Denzel Curry : “Melt My Eyez, See Your Future”

Chaque rappeur arrive à un moment donné à l’orée des chemins. Un questionnement sur quoi faire pour la suite. Denzel Curry n’a pas échappé à la règle comme il l’a honnêtement expliqué à son public. Il avait envie de faire de la musique différemment et non plus de rapper pour rapper.

Avec son cinquième album “Melt My Eyez, See Your Future”, le rappeur de Floride a su se réinventer pour nous offrir sans doute la plus belle pièce de sa discographie. Adepte des formats assez courts avec 14 tracks, Denzel s’est inspiré de l’actualité mondiale pour venir nous parler de sa place dans un monde qui part en sucette. Les invités sont souvent inconnus du grand public ou tout simplement inattendus, voir l’anglais Slowthai ou T-Pain dessus m’a surpris et les morceaux tuent !

4 Kendrick Lamar : “Mr. Morale & The Big Steppers”

On s’attend à beaucoup de réactions sur cet album. Pour certains, il est numéro 1 sans la moindre hésitation, pour d’autres, il est une déception qui n’a sa place dans aucun top. “Mr. Morale & The Big Steppers” est pourtant le projet le plus personnel de Kendrick Lamar, celui où l’on en apprend le plus sur sa vie. A mon sens, le principal problème est qu’après le succès interplanétaire de “DAMN” les gens s’attendaient au même type d’album alors qu’ici le rappeur de Compton a pris beaucoup de monde à contre-pied.

Des violences sexuelles dans les foyers américains à sa propre addiction au sexe en passant par un soutien à Kodak Black ou à sa vie de père de famille, Kendrick a parlé sans pudeur au côté de sa femme présente tout au long de l’album. Je vous avoue ne pas avoir été totalement conquis à cause de certains morceaux pas assez aboutis, d’autres trop longs ou certains sujets ne me parlant pas mais cet album mérite largement sa place dans le top 5 des sorties cette année. Si ce n’est pas l’album sur lequel on reviendra le plus, il est celui qui représente le mieux ce qu’est aujourd’hui Kendrick Lamar.

3 Pusha T : “It’s Almost Dry”

Pusha T vient de fêter ses 45 ans et ses 20 ans de carrière commencée avec son frère au sein du duo Clipse puis continuée à partir de 2013 en solo. Pour son quatrième solo, il a pris la, très bonne, décision de s’entourer des deux producteurs les plus importants de sa carrière : Pharrell, producteur des débuts de Clipse, et Kanye West qui a su l’aider à relancer sa carrière en 2018 avec l’album “Daytona” .

“It’s Almost Dry” est son quatrième album. Les thèmes abordés par l’ex drug dealer restent les mêmes depuis des années. Même si l’on ne croit plus à la vente de cocaïne du désormais millionnaire, il le raconte d’une telle façon que l’on veut y croire. Le gros plus est la présence de Kanye, Pharrell, Jay-Z, Don Toliver, Lil Uzi Vert, Kid Cudi et même de son frère, le désormais No Malice. Un album puissant qui restera une pièce majeure de sa discographie.

2 Saba : “Few Good Things”

Il nous aura fallu 4 années pour avoir le droit d’écouter le troisième LP de Saba “Few Good Things”. Un temps très long à l’échelle du rap actuel mais qui vraiment a valu le coup. Evoluant entre rap et r’n’b, le rappeur de Chicago est un touche-à-tout et n’hésite pas à s’impliquer dans sa musique jusqu’à contrôler les instrus principalement de Daedae PIVOT, Daoud & Cheflee.

Cet opus est celui d’un homme qui a réussi à quitter les quartiers difficiles et qui apprécie sa nouvelle vie. Un regard en arrière pour ne pas oublier l’assassinat de son cousin en 2017 qui avait inspiré son deuxième album “Care For Us” et qui revient régulièrement sur l’album. J’ai longtemps cru que ce projet serait mon préféré de l’année avant que le boss final ne décide de marquer l’année 2022.

1 Nas : “King’s Disease III”

Mon rêve est de me poser avec Nas pour qu’il m’explique ce qui s’est passé pour qu’après plusieurs albums assez moyens qui annonçaient une fin de carrière progressive, il réussisse à sortir 4 bijoux en 2 ans dont le dernier “King’s Disease III” nous a vraiment giflés. Est-ce l’association avec Hit-Boy ? Le fait de moins se mélanger ? Nous n’avons pas la réponse mais le rappeur new-yorkais a frappé très fort le 11 novembre avec son quinzième album solo.

Absolument aucun featuring, ce qui ne lui était jamais arrivé, pour 17 titres. Certes, le milieu de l’album comporte un léger creux mais l’arrivée de “Once A Man, Twice a Choise” va redynamiter tout ça. On plonge dans le New-York de son enfance remplie de violence et de pauvreté pour une immersion musicale des plus réussie. Un gros coup de coeur pour les morceaux “Thun” et “Beef” . Un album qui tourne en boucle depuis sa sortie et qu’il vous faut avoir écouté.