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Avec 9 articles sur le rap publiés en quelques jours, il faut bien terminer avec un peu de douceur. Alors c’est parti pour “2022 en 5 albums RNB” avec une sélection presque entièrement féminine, contrairement au rap où cette année, contrairement à l’année dernière, il n’y a pas une seule rappeuse… On tentera sûrement de nouveaux formats en 2023 de toute façon.
5 Ne-Yo : “Self Explanatory”
En commençant l’année 2022, je n’aurai jamais cru possible de voir Ne-Yo finir dans un top. Comme bon nombre d’entre vous, je croyais que le chanteur abonné aux refrains des années 2010 avait pris ses distances avec l’industrie musicale. Et pourtant, avec son neuvième album “Self Explanatory”, 4 ans après le précédent “Good Man” qui m’avait également plutôt plu à l’époque, le natif de l’Arkansas se livre à une véritable cure de jouvence.
Son remariage avec sa femme Crystal Smith à Vegas en 2021 lui a donné envie de lui dédier son nouvel album. Malheureusement, l’infidélité a eu raison de leur second mariage et Ne-Yo se retrouve donc désormais à défendre sur scène un projet dédié à son ex-femme. Malgré tout, les 13 titres sont de très bonnes factures avec quelques pépites comme “Want It All Or Nothing”.
4 Kehlani : “Blue Water Road”
Kehlani est la porte étendard d’une génération qui a repoussé les codes de l’identité de genre. La chanteuse est évidemment bien plus que ça car elle est avant tout une artiste de talent qui s’est révélée depuis sa première mixtape “Cloud 19” en 2014. Son troisième album “Blue Water Road” est le plus beau bijou de sa discographie.
Un projet où Kehlani se livre aussi bien sur sa maternité, que sur ses relations amoureuses peu de temps après son coming out et l’officialisation de sa relation avec 070Shake ainsi qu’en abordant son identité de genre qu’elle a mis beaucoup de temps à définir. Musicalement, c’est une réussite et le choix des invités est convaincant : Blxst, Jessie Reyez, Justin Bieber, Syd, Ambré & Thundercat. 13 titres pour 37 minutes efficaces sans remplissage.
3 070 Shake : “You Can’t Kill Me”
L’épreuve du premier album est importante pour un artiste mais réussir à confirmer après un premier opus l’est d’autant plus. “Modus Vivendi” a été un véritable raz-de-marée. 2 ans après, 070 Shake est revenue avec “You Can’t Kill Me” toujours sur les labels G.O.O.D. Music et Def Jam.
14 titres où l’artiste du New-Jersey vient nous parler de paix intérieure, de la temporalité et de l’insignifiance de notre vie au regard de l’humanité. Cette notion de temps revient souvent tout au long de l’album, accepter qu’on est éphémère et que notre présence sur terre est courte pour jouir des plaisirs de la vie et s’assumer comme on est sans se soucier du regard des autres. Une belle leçon de vie à laquelle vient participer la française Christine and the Queens unique invité de l’album sur “Body” . Un album différent du premier mais qui reste tout aussi qualitatif.
Ce n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler du pur rnb, mais comme Nivek n’a pas fait la sélection des projets plus variés, fallait bien lui trouver une petite place.
2 SZA : “SOS”
Sortir une réédition 5 ans après la sortie de l’album est étonnant, c’est pourtant ce qu’a fait SZA avec la version Deluxe de “Ctrl” son premier album. Cette idée était peut-être juste pour préparer le terrain pour le second “SOS” qui a été le meilleur démarrage en streaming de l’histoire pour un album de r’n’b.
Un projet de 21 titres beaucoup plus mature que le précédent où la chanteuse signée sur Top Dawg se livre énormément, de l’hommage à sa grand-mère à ses complexes personnels en passant par des rythmiques boom-bap ou pop, le travail est titanesque. La présence d’Ol Dirty Bastard sur l’outro est inattendue et apporte une touche plus rap au projet le temps d’un morceau. On apprécie que SZA n’ait pas multiplié les feats avec seulement 3 personnes en plus du défunt ODB : Don Toliver, Phoebe Bridgers et Travis Scott. Un des grands albums de cette année.
1 Amber Mark : “Three Dimensions Deep”
Nous sommes fin janvier quand Nivek (encore lui) m’envoie un message pour me dire : “je sais que tu dois connaître mais si c’est pas fait, écoute l’album d’Amber Mark tu vas kiffer obligé”. Je n’avais jamais entendu parler d’elle, j’ai donc consciencieusement fait mes devoirs et je suis tombé sous le charme de la musique de la chanteuse de Summertown dans le Tennessee.
Son premier album “Three Dimensions Deep” est un mélange de douceur et de souffrance. Amber nous dévoile ses émotions les plus profondes aussi bien d’un point de vue psychologique qu’émotionnelle. 17 titres en solo pour une artiste qui ne se mélange que très peu. Je me suis rendu compte que l’album n’a pas eu le moindre écho en France alors que c’est un vrai bijou et dernier point pour les collectionneurs de vinyle : c’est le plus beau que j’ai reçu cette année, le livret est rempli de photos absolument magnifiques.