"Aimons-Nous Vivants" meilleur album de Sadek ?

“Aimons-Nous Vivants” meilleur album de Sadek ?

Avec ce cinquième album “Aimons-Nous Vivants” , Sadek entendait frapper un grand coup. Après presque 3 ans de pause, il avait clairement annoncé la couleur dans ses différentes prises de parole notamment dans “Tier List” en nous annonçant “le meilleur album de sa carrière” . Si l’ambition est claire, qu’en est-il vraiment du résultat. C’est ce que nous allons découvrir ensemble.

Avec la série KSKCV (KeSKeCaVaut), on s’intéressera à des projets qui ont fait parler pour essayer de les analyser brièvement. Retrouvez nos épisodes précédents sur “Jvlivs II” de SCH et “CDC Vol.II & III” d’Alonzo.

Une discographie déjà bien remplie

Depuis 2012 et la sortie de “La Légende de Johnny Niuuum” , Sadek a envoyé 10 projets dont 5 albums et c’est d’eux dont nous allons parler et plus précisément de 2 d’entre eux à savoir “Nique Le Casino” et “Vulgaire, Violent et Ravi d’être Là” car de son propre aveux, son tout premier “Les Frontières du Réel” n’est pas une réussite artistique la faute à beaucoup trop de compromis malgré des pépites comme “Mektoub” ou “Tonight”, et “Johnny de Janeiro” est un projet de funk brésilienne donc un OVNI dans sa discographie.

2016, le rappeur du 93 sort de sa mixtape “Johnny Niuuum Ne Meurt Jamais” qui a été un vrai succès critique. Pour ce qui va être son deuxième album, il rejoint l’écurie Rec 118 dont il est toujours membre aujourd’hui.

“Nique le Casino” va lui permettre de confirmer tout le potentiel aperçu depuis 4 ans. Une grosse intro appelée “Entrée” remplie de références en tout genre, un hit qui a tourné tout l’été en feat avec Gradur sur “Andale”, des connexions qui cassent des mâchoires avec en pagaille Lapso Laps, Brulux, Ronegga (dont on n’entend plus parler malheureusement) et surtout un vrai banger aux côtés de Leto & Ninho avec “C’est Trop” . J’aimais déjà beaucoup Sadek a l’époque, ce projet m’a convaincu qu’il était trop fort.

Désormais enfin installé parmi les tenors du rap game, il prendra un an pour nous sortir “Vulgaire, Violent et Ravi d’être là” qui possède la plus belle pochette du rap français dixit Driver. Cet album est l’apothéose, je retrouve le rappeur que j’avais découvert à la sortie de la Booska Tape avec des titres comme “Petit Prince” ou l’intro “Bender” . En plus, on a des morceaux plus légers mais tout aussi réussis comme “La Vache” ou “Napoli”, mais également 2 tubes avec “Madre Mia” feat Ninho et “En Leuleu” feat Niska.

“Aimons-nous vivants”, 18 morceaux, un projet dense

Vous l’aurez compris dans notre précédente partie que Sadek a déjà sorti de gros albums alors quand après 3 ans d’absence et au vu de ses dires, avant même d’écouter “Aimons-Nous Vivants” nos attentes étaient très élevées. 18 morceaux pour la version streaming, 20 pour la version physique : le rappeur de Neuilly-Plaisance ne s’est pas moqué de nous.

Entrons directement dans le vif du sujet et ne laissons pas plus de suspense. L’album “Aimons-nous vivants” m’a personnellement un peu déçu mais pas réellement à cause du niveau de Sadek. Je m’explique.

Le niveau qu’il affiche est tel que celui qu’on lui connaît, la plume est pertinente, on a à faire à un très bon rappeur mais pour moi il y a une erreur de casting dans les invités. Beaucoup trop de monde qui en plus n’apporte pas une réelle plus value au projet. Le couplet qu’il lâche sur “Soutien” en feat avec Sofiane et Heuss est dingue mais entendre derrière Heuss L’enfoiré dire “je te soutiens moralement, physiquement, psychologiquement” saborde totalement le titre même si on sait qu’Abdel Soulax était présent au moment de l’enregistrement.

Les morceaux respectifs avec Vald, Kalash Criminel, Lacrim & Rimkus ainsi que “Revolver” avec les gars de chez lui sont cools mais sans plus. On sent que tous ont était bossés avec les artistes réunis en studio et qu’il y a eu une vraie connexion mais on est pas impacté comme les featurings qu’il a pu faire par le passé.

Le point d’orgue de la déception a été sur “Kimono” avec Ninho & SCH. Encore une fois, rien à dire sur le couplet de Sadek mais que dire de celui de NI ? J’ai dû le réécouter tellement j’étais persuadé que j’étais passé à côté de quelque chose et même la performance de SCH n’est pas aussi phénoménale comparé à ce qu’il nous propose d’habitude et ce encore dernièrement.

Mais des bêtes de morceaux

Si j’ai pu vous paraître dur, rassurez-vous voici le paragraphe du positif parce qu’il y en a beaucoup. Après sa parenthèse brésilienne, content de le voir revenir avec des textes aboutis qui poussent à la réflexion comme l’excellent featuring avec Ali (quel plaisir de le retrouver sur un album) sur “Guérison” où il a su être d’une introspection sans pudeur. Content également de voir que la connexion avec les producteurs Yann Dakta & Rednose fonctionne toujours autant et qu’ils nous livrent certains des meilleurs titres de l’album dont mon préféré “VBONTMB” .

Sa capacité dans ses albums à nous fournir aussi des morceaux plus “légers” comme des potentiels tubes avec “Aller Retour” ou “Labess” ainsi que de gros bangers à la Pop Smoke : “Robuste” . De plus, on apprécie d’avoir que de l’inédit aussi bien dans le fond que dans la forme et pas une copie de ne qu’il a déjà pu nous servir par le passé.

J’me sens très loin des humains, de tous les proverbes pour faire rêver les gamins

Rappelle-moi à qui l’avenir appartient, les éboueurs se lèvent vers quatre heures du matin

Sadek – “Guérison” feat Ali (Album Aimons-nous vivants)

Les thèmes abordés font du bien en 2021 : de la dualité religion/ vie menée, du questionnement de soi-même, de ce qui nous entoure, des violences policières, du traitement des cités par les médias et du deux poids deux mesures “c’est pas à Bobigny qu’habitait Michel Fourniret” “avec toujours autant de références diverses et variées, malgré une confusion entre Thomas Edison et Benjamin Franklin inventeur du paratonnerre “j’me sens comme Edison quand il a maîtrisé la foudre” , on retrouve pêle-mêle Didier Deschamps (aucune référence sur ses dents ça nous change des autres rappeurs), Bobby Shmurda, Iniesta, George Floyd.

Conclusion

Le vrai “problème” de “Aimons-nous vivants” au final est l’annonce qui a été faite autour. Promouvoir le projet comme “son meilleur album” peut vite s’avérer être une pente glissante. On va évidement le comparer à tout ce qu’il a sorti par le passé et au vu de la discographie de Sadek c’est compliqué de se dire que c’est le numéro 1. Il faut prendre cet album dans son entièreté ni plus ni moins. Ca rappe, c’est bien produit. On valide cette nouvelle pièce à l’édifice Sadek !

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