Initialement prévu pour 2019 et repoussé à plusieurs reprises pour diverses raisons, « Carnaval de Finesse 2 : Les Chroniques d’un Jeune Entrepreneur » le second album de Rowjay a enfin vu le jour le 19 novembre 2021.
Rappeur sans frontière
Depuis ses débuts en 2013, Rowjay a mis en avant un rap à l’international. Grâce à internet il peut se connecter aux quatre coins du monde. Originaire de Montréal, il est une des têtes les plus identifiées du rap québécois en France via ses nombreuses connections. Clairement influencé par la scène américaine, il a longtemps cité des rappeurs comme Famous Dex en influence et en prétendant faire un rap « ignorant » . Malgré tout, depuis environ trois ans, on sent une envie de se structurer et de proposer une musique plus mature. Pour preuve le temps qu’il a pris afin d’être dans les meilleures conditions pour sortir « Carnaval de Finesse 2 » .
Cette professionnalisation est concomitante au gros succès du morceau « Saint Laurent » avec Mister V qu’il avait rencontré dans un club sur Paris et qui a été sur la B.O. de NBA 2k. Une connexion qui fonctionne à la perfection et qu’on retrouve sur son dernier album avec le morceau « London en Maybach » qui est le titre le plus streamé du projet à l’heure actuelle.
Avec 19 titres sur ce nouvel opus pour un peu moins d’une heure de rap, beaucoup d’invités et de choses à dire, passons à la suite sans plus tarder.
Une production de malade
Ce qui fait souvent la force de beaucoup de projets de rappeurs québécois c’est la qualité des productions. Avec « Cdf 2 » , Rowjay va mettre la barre encore plus haut. Entre ses producteurs habituels Freakey, DoomX, Platinumwav et des nouveaux comme Demna qu’on retrouve également sur le projet de Beamer & Winnterzuko « Dystopia » , JeanJass, Nicholas Craven ou Binks Beatz.
L’alchimie régnant entre Freakey, DoomX et Rowjay tous trois originaires de Saint Laurent et collaborant depuis des années est impressionnante. Je ne sais pas si toutes les instrus ont été réalisées en direct avec l’artiste à côté, mais elles sont faites sur mesure pour lui. Platinumwav est lui aussi un habitué des collabs avec Rowjay notamment lors du premier volume de CDF et apporte une touche différente de ses compères. Les nuits sans sommeil valaient le coup.
Quant aux autres, c’est un sans faute dans le choix de Rowjay. Des sonorités que lui apporte un Nicholas Craven producteur d’une bonne partie des titres de Ransom et qui a également travaillé avec Westside Gunn et Roc Marciano qui amène une touche plus underground à la légèreté, d’un JeanJass qui est entrain de devenir un très bon beatmaker ou l’outro trap d’un Binks Beatz loin d’être étranger au succès d’1pliké140, c’est une réussite totale. Mais en termes de rap, ça donne quoi ?
Un projet cohérent
« A la base on est des rappeurs mais maintenant on est des hommes d’affaires » rappe Rowjay sur « Savoir Faire » . Cette phase peut résumer l’album, une synthèse de la vie d’un jeune entrepreneur avec ses victoires et ses défaites, ses hauts et ses bas. Rowjay cherche à délivrer un message à la jeunesse, celui de ne rien lâcher et de tout faire pour atteindre son but. Des moments de doute, il y en aura comme lorsqu’il nous parle de la rupture avec celle qui disait l’aimer ou sur « Avenir » où il cite les gens qui se moquaient de lui à ses débuts. Un jour la roue finit par tourner.
J’me rappelle quand j’avais 16 ans,
Rowjay « Avenir »
Tout le monde riait de moi tout le temps
Qui plus est, il s’agit d’un album riche en références aux rappeurs avec en pagaille des allusions à PNL, Pimp C, Curren$y, Alpha 5.20 ou encore Ol Dirty Bastard mais riche également en invités car si le jeune finisseur, comme il s’autoproclame, a toujours été ouvert aux collaborations, il n’avait jamais été autant mélangé à ses compères. Des montréalais Obia Le Chef & Shreez, à son gars de COB 65 Andrike$ Black en passant par des connexions évidentes comme Mister V ou 8ruki ou beaucoup moins comme Alpha Wann et l’excellent titre « Devil May Cry ».
Sans oublier Serane le chef de file de la plugg musique en France ou Loveni du collectif Bon Gamin qui réussit en deux couplets à citer MC Hammer, Chirac, Van Damme, du feat entre UGK & Jay-Z « Big Pimpin » , 50 Cent & le G-Unit, Winnie l’Ourson puis évidement Pimp C (le titre est un hommage à la moitié de UGK).
Conclusion
5 ans après « Carnaval de Finesse » , Rowjay revient avec un volume 2 qui est clairement son meilleur projet. On sent une réelle ouverture musicale du rappeur qui a cherché à s’entourer de producteurs et de mc’s d’horizons différents. Cela fait maintenant plusieurs années qu’on attend que la scène québécoise explose car elle regorge de talents. Pour le moment les français font les aveugles mais avec des artistes comme Rowjay, nous ne pourrons pas faire les sourds très longtemps.
Si jamais vous cherchez à en découvrir plus sur le rap au Québec, je vous invite à écouter le dernier album « Dixque D’art » de Souldia sorti il y a peu. C’est une des têtes d’affiche et il avait commencé à faire du bruit chez nous il y a 3 ans via son feat avec Sinik « Paisible Violence » .