DA Uzi est devenu en deux ans un artiste majeur du rap français. Après une première mixtape “Mexico” en 2019 et un album “Architecte” en 2020, il est de retour avec son troisième opus “Vrai 2 Vrai” que l’on va analyser ensemble.
Un premier album mitigé
Avec “Architecte” , DA Uzi a fait le pari de garder les fans de la mixtape “Mexico” tout en essayant de toucher un public plus large notamment via les morceaux “Soirée des Cités” ou “Camila” . Si les tubes sont efficaces, ils ne font pas réels et on n’y retrouve pas l’identité du rappeur de Sevran. L’album a facilement atteint le disque d’or mais n’a pas répondu à toute une partie du public.
Je vous avoue que la mixtape avait été dans mon top 3 des projets de 2019 et que l’album m’avait énormément déçu. Si je prends encore beaucoup de plaisir à réécouter la tape, je ne reviens pas ou peu sur l’album à l’exception du feat avec Ninho “Crois Moi” et “Da Vinci” .
En lisant ces lignes, vous pouvez penser que je trouve cet album médiocre mais ce n’est absolument pas le cas. A la manière d’un Soso Maness, DA a fait le choix de contenter tout le monde et de mélanger rap cru, feat XXL : SCH, Mister You, Imen ES, Alonzo & Ninho et tubes. Un parti pris à l’opposé de l’image qu’il renvoyait depuis le début de sa carrière. C’est dans ces conditions que sort le 23 juillet son deuxième album : “Vrai 2 Vrai” teasé par “Fermez-La” et surtout l’excellent et introspectif “L’impasse” où il nous prend aux tripes accompagné du grand Sofiane Pamart au piano.
Introspection et banger
On n’emploiera pas cette sale expression qui est “album de la maturité” mais force est de constater que DA Uzi a pris beaucoup de recul sur lui-même pour étoffer ses textes et pousser l’introspection beaucoup plus loin que par le passé. Des années noires de sa vie, les huissiers, la détention jusqu’au succès et aux dérives que cela peut amener, le rappeur de Sevran ne prend pas de pincettes pour nous parler de sa vie et de celle de sa génération 90. On ressent un homme qui croque désormais la vie à pleines dents mais qui lutte toujours contre ses démons…
Si précédemment, on s’est arrêté sur l’introspection, on va parler dans celui-ci du côté street et festif de DA Uzi. De sa capacité à nous faire bouger la tête avec des titres comme “La Vie de Bobby” , “Costa Rica” qui va tourner dans les boîtes cet été ou “Carabine” beaucoup plus léger. Cette dualité qui règne dans l’album en fait sa force. 20 titres sur la vie de DA Uzi ça aurait été beaucoup trop lourd à digérer tout comme uniquement des bangers auraient rendu le projet impersonnel. L’équilibre trouvé par le rappeur et son équipe fait de cet album un très bon projet.
Des invités de prestige
Je ne pouvais pas finir sans parler de ce casting de malade. Si contrairement aux deux premiers projets il n’y a aucune trace de Ninho, DA Uzi s’est quand même entouré d’une équipe de fou. On commence avec Freeze Corleone sur le titre “27” qui a été clippé. Un mélange électrique pour un gros morceau qui fonctionne super bien et que vous pouvez retrouver dans notre top des feats du prof Chen.
On continue avec Heuss L’enfoiré qui est là pour le tube du projet et son refrain entêtant “Costa Rica” puis vient le tour de Nekfeu. A la découverte du featuring, ce fut une réelle surprise mais moins quand on sait que Doums et DA Uzi se connaissent bien. Pas de surprise sur la qualité, Nekfeu étant techniquement dans le top 5 français actuellement.
“Du Nord au Sud” feat Soso Maness & Zkr. Un trio qui fonctionne entre trois des grands messieurs de cette année 2021. Ca dédicace les villes respectives des artistes, ça kicke, on valide.
Le dernier invité est MHD qui livre une performance bien en dessous du reste du projet. Là où les différents rappeurs ont affuté leurs rimes, le prince de l’ “Afro Trap” nous envoie des phases comme “j’vais te mettre le feu comme Johnny, faudra appeler les pompiers” dont on se passerait passé. Peut être le seul titre à skip du projet.
Conclusion
DA Uzi nous a livré l’album le plus complet de sa (courte) discographie et un des projets les plus intéressants de l’année. Du rap cru, sincère, mature, diversifié, ne cessant d’évoluer et marqué de sa propre empreinte musicale, le sevranais est sans aucun doute l’un des rappeurs à ne pas négliger. “Vrai 2 vrai” tourne dans mon téléphone depuis sa sortie et a de grandes chances d’être présent dans mon top de fin d’année !