Au vu des nombreuses sorties de cette rentrée des classes 2018, on constate une fois de plus que le rap épouse des formes plurielles et s’extrait du bitume froid et réaliste auquel il est souvent associé. Si cette musique reste un art prolétaire, ou de fils d’immigrés comme le dirait La Rumeur, il n’empêche que ses interprètes cherchent à se définir et à se raconter autrement.
Chaque nouvel album de Disiz est l’occasion d’une nouvelle métamorphose. En s’associant à des artistes différents pour chaque projet, le rappeur d’Evry s’invente une nouvelle identité tant sonore que graphique. Tout part de ses émotions, et on le sait très sensible et spontané. C’était déjà le cas dans son album de 2017 Pacifique, où sa tristesse et ses vœux de paix étaient mis en musique ainsi qu’en images dans un court-métrage tourné à Los Angeles (la vidéo ci-dessus).
Si Pacifique était le côté Yang de Disiz, chaleureux et lumineux, Disizilla sorti en Septembre 2018 en est le côté Yin. Les deux albums racontent quasiment la même histoire, mais leur narration n’a rien de similaire. Disiz s’exprime avec un autre filtre, plus rouge que bleu, plus Sofiane et Niska que Stromae et Hamza. Toutefois, Pacifique et Disizilla ont en commun leur négation de l’identité.
Après avoir chanté la complexité française, après avoir remonté l’arbre généalogique du côté de son père sénégalais, après avoir exprimé la problématique du métis en France, Disiz ne cherche plus. Il ne cherche plus à comprendre les gens qui l’entourent, ne cherche plus à comprendre où va le monde, ne cherche plus à s’inscrire dans une quelconque réalité sociale. Misanthrope comme jamais, seule sa mère, sa femme et ses enfants sont narrés avec amour. #QLF. C’est peut-être la seule manière que l’on a de définir Disiz : fils de, mari de, père de. Et c’est sans doute très bien ainsi.