YL plus introspectif que jamais Avis album 2022

YL plus introspectif que jamais dans “Yamine”

Grand absent de 13 Organisé mais présent sur “Classico Organisé” , YL rappe sa ville depuis ses débuts. Il nous avait déjà fait quelques confidences précédemment, mais sur son quatrième album “Yamine” il rappe sans concession et continue de nous faire des confessions avec une plume et une musicalité toujours plus affinées.

Une solide discographie

Originaire de Air Bel et d’origine algérienne, YL a commencé le rap très jeune au sein du groupe 11.43 aux côtés notamment de Naps. C’est pourtant bien des années plus tard que le rappeur marseillais va se faire remarquer via Sofiane et leurs deux collaborations, qui seront suivies d’une troisième pour le premier projet de YL, la mixtape “Confidences” sortie en 2018. On y découvre un rappeur qui a la dalle, qui “fracasse instru sur instru” comme dirait Le Rat mais qui est aussi capable de faire des titres plus ouverts comme “Elle Me Ment” ou “T’es Pas La Même” . S’ensuit un double album qui paraît à deux semaines d’intervalle “Nyx & Erebe/Aether & Hemera” porté par des gros titres comme “3 min 6” ou “On Fait L’mal” avec Niro.

Alors que YL travaillait sur son troisième album, la pandémie est arrivée l’obligeant à revoir ses plans. Bloqué et confiné, dans l’impossibilité de défendre son projet, il va avec sa communauté créer une mixtape en balançant des extraits et en laissant à ses fans le choix des morceaux. Quel autre nom que “Vaillants” pouvait bien porter le projet ? Du surnom qu’il donne à ses supporters car malgré les années qui passent, force est de constater qu’il possède une fanbase parmi les plus fidèles du game. Un second album “Compte de Faits” en septembre 2020, un poil en dessous des autres projets selon nous, et le voilà prêt à nous dévoiler “Yamine” non sans avoir continué préalablement sa série de freestyles “Larlar” .

YL est Yamine

Le choix de nommer son album “Yamine”, tout comme l’outro présente sur “Confidences”, est tout sauf une coïncidence, avec ce titre YL choisit de se livrer encore plus qu’à l’accoutumée. Une certaine pudeur entoure cependant ce projet, on sent que l’artiste à du mal à se mettre à nu et utilise des moyens détournés pour nous faire entrer dans son quotidien. Une vie dans lequel on retrouve “Tata Fatima” , un hommage aux mères qui galèrent avec ou sans mari, avec un fils en prison mais qui restent fières. “Mon Sang” est dans cette même veine, sans mauvais jeu de mots, où sur un ton mélodieux il avoue être prêt à tout par amitié.

On retrouve le YL de ses débuts, époque “4 Tours” avec beaucoup de rap kické, des instrus déchirées et des micros arrachés. Les collaborations avec ISK fonctionnent de nouveau et on peut même se mettre à espérer d’un projet commun entre les deux rappeurs qui en sont déjà à leur troisième featuring. Son compère Kofs est invité sur “Hayati” sur une prod “marseillesque” de Stef Becker qui lui sied à merveille et à laquelle YL s’adapte sans la moindre difficulté. Le dernier rappeur présent est Sasso pour le tube “Bigo” produit par Denza qui risque de beaucoup tourner dans les prochaines semaines.

Un retour aux sources gagnants

Pour ce nouvel opus, s’il a invité de nombreux beatmakers comme BBP, Doubtless, Junio Beats ou encore Usky, YL est resté entouré d’artistes avec qui il avait déjà collaboré auparavant, ce qui explique l’homogénéité du projet. Beaucoup de passages sombres comme sur “Pénélope” d’une noirceur glaçante qui dépeint une vie dure sans sentiments malgré les conseils du daron et où l’argent représente sa plus grande fidélité. L’enveloppe qu’il compte avant de dormir est ici personnifiée par la divinité grecque Pénélope.

La dédicace à GLK dès l’intro du projet nous rend nostalgique de l’époque “Le Cercle” . YL reste fidèle à lui même et on sent une évolution dans son rythme de vie. Là où il rappait vouloir rendre sa mère riche, il nous dit dans “Larlar 6 (Sacoche)” qu’il y est presque arrivé.

Et j’suis plus un minot, j’en ai fait des milliers, j’suis fier de Yamine, j’peux leur chanter Nina

Leur faire comme Vianney, et quand j’fais du sale j’suis noir comme Niro

YL – Pénélope

En parallèle à cette ascension sociale, YL revient sur les erreurs de son passé et la défiance qu’il peut avoir des femmes, bien qu’il ne se cite pas toujours directement. C’est le cas dans le très mélodique “Monde Meilleur” où un passage est destiné aux femmes vénales mais il va utiliser un ton impersonnel à ce moment là alors que le reste du titre parle clairement de sa vie. “Enfant Perturbé” est sans aucun doute, le moment le plus intimiste de sa carrière. Sur un unique couplet, Yamine nous raconte notamment son arrivée à Marseille, les ennuis de cité, ses premiers deals, son rapport avec l’école, sa santé mentale…

Conclusion

Avec “Yamine” , YL a ravi les Vaillants et plus largement les auditeurs de rap. Le projet est structuré, la maturité prise par le rappeur marseillais lui permet de nous offrir une plongée dans la vie de Yamine Kebene. Une analyse honnête d’un jeune homme de 25 ans qui a commis de nombreuses erreurs mais qui a su relever la tête pour se remettre dans le droit chemin et qui a encore quelques faiblesses comme tout Homme. On manque encore de recul pour être affirmatif à 100%, mais il s’agit probablement de son meilleur album. Très rap et en même temps assez diversifié, difficile de faire plus complet et ça rend la curiosité sur ce qu’il pourra sortir par la suite encore plus grande !

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