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De Time Bomb à L’entourage en passant par la Mafia K’1 Fry ou le 667, l’histoire du rap français passe par des crews qui ont marqué leur époque. Depuis 2017, un collectif issu de la riche scène lyonnaise fait du bruit au point que la célèbre écurie AWA de DJ Kore a pris l’initiative de les signer dernièrement : Lyonzon. On vous parle d’eux depuis environ 2 ans et la sortie de notre article sur l’Histoire du rap à Lyon et pour avoir suivi leur ascension de près, ce n’est que justice devant le talent et l’abnégation dévoilés par chacun des membres. Nous allons tout d’abord brièvement revenir sur l’histoire du collectif (et le terme de collectif est important comme l’a déjà souligné Gouap car plusieurs groupes composent Lyonzon) puis nous vous les présenterons individuellement.
De SoundCloud à AWA Gang
Si vous nous suivez régulièrement, vous savez déjà qui est Lyonzon et l’importance que SoundCloud a eu dans leur carrière et réciproquement. Chef de file du mouvement aux côtés de nombreux autres groupes comme MMC, Summum Klan, 667 ou d’artiste solo comme JMKS, Hamza, Kekra ou 8ruki, ils ont littéralement bombardé la plateforme de projets consistants avec entre 15 et 28 titres à chaque fois : « Rabaul Queen Summer« , « L’amoco-Cadiz » , « Dona Paz » , « The Independence of the Seas » , « La Flotte de l’Ordre Du Temple » et « Kriegsmarine » rien que pour l’année 2018 et « En Attendant La Popance » l’année dernière.
Dans un style très « no melody », très sombre et cloud, ils sont parmi les premiers à avoir autant ouvertement parlé de la lean en France sans en faire l’apologie pour autant. Ils décrivent juste leur quotidien en parlant notamment de la fameuse Nina que l’on retrouve énormément dans leurs morceaux, ce n’est pas une fille réelle mais elle représente la michto par excellence cf « En 69 Nina en 69« , de beuh et autres produits stupéfiants ainsi que leurs effets, le tout mélangé à beaucoup d’egotrip.
Ayant bien compris que leur développement artistique passait par le travail, ils ont décidé d’envoyer chacun leur tour des projets solos entre les mixtapes communes afin de se forcer à continuellement être actifs. Soutenus par un public fidèle totalement acquis à leur cause et faisant sold out à quasiment chacune de leurs apparitions sur scène, on est en droit de se demander comment se fait-il qu’en 2020, il ne soit pas plus sur le devant de la scène ? Ce qui nous amène à la deuxième partie.
Des problèmes internes et des clashs
A la suite du Benibla Freestyle, renommez « Freestyle Arah 0 » suite au fait que Benibla travaille avec des rappeurs comme Retro X avec qui le groupe n’était pas en bons termes, le groupe a également eu diverses embrouilles avec des rappeurs suisses dont Di-Meh & Slimka. La plus célèbre d’entre elles concerne le clash avec Sirap et l’Ordre du Périph avec différentes phases assez piquantes dont celle de Bushi sur « Arah #2 » « ODP on les choppe, on les tue, on les choque, p’tit gros en slip entrain d’appeler les cops » ou Ashe sur « Sirop » : « j’vois que des fuckboys comme Sirap sous sirop d’érable » quand Sirap lui les avait attaqués sur « Fortnite » en se moquant du nombre de vues qu’ils faisaient mais vous savez ce qu’on dit, la roue tourne…
Ces différents clashs ont pu nuire à leur image et aussi les bloquer pour des concerts ou avoir plus de places dans les médias. Booska-P avait accordé un article à la scène SoundCloud en affirmant qu’en France, elle était inexistante et que Lyonzon ne concernait que 1000 auditeurs, ce qui avait provoqué l’ire du groupe qui avait répondu via le cultissime « Booska Pute ».
Comme si cela ne suffisait pas pour gêner l’explosion du clan, il y a aussi eu beaucoup de départs. Le premier à partir fût Vitolo, qui continue sa carrière en solo, suivi peu de temps après en janvier 2019 par Mazoo, Rolla et So Sama partis fonder Nouvelle Conscience suite à une soi-disant mauvaise ambiance dans le groupe. Le départ du trio associé à celle de Samuraï à une époque où le collectif grâce à ses freestyles Arah commencent à bien buzzer a été un coup d’arrêt.
Il a fallu se restructurer avec le départ de certains membres centraux de l’équipe mais personne n’est irremplaçable et le collectif prime sur les individualités, c’est vrai en football mais aussi dans le rap et aujourd’hui tout semble rentrer dans l’ordre malgré le départ en avril de Gorjuice et plus étonnant, le départ d’Azur il y a quelques semaines qui a décidé de continuer en solo et d’abandonner à la fois Saturn Citizen qu’il formait avec Bushi & Mussy et Lyonzon car il ne se sentait plus à l’aise musicalement. Désormais le collectif est composé de 8 rappeurs et un DJ et ça ne bougera probablement plus.
Vous l’aurez compris, le collectif a été maintes et maintes fois remanié contre sa volonté et a dû faire face à un certain boycott aussi bien médiatique que des gens du milieu. Quand la porte est fermée faut rentrer par la fenêtre et ça les mecs de Lyonzon l’ont bien compris.
Les différents membres de LYONZON
En début d’article on précisait qu’il s’agissait d’un collectif composé de différents rappeurs solos mais aussi de 2 groupes : Saturn Citizen composé de Mussy & Bu$hi dont on vous avait présenté le premier projet « Saturn Tape Vol.1 » ainsi que du RTT Clan de Gouap, Mini & Noma qui ont notamment envoyé le projet « Le Clan » l’année dernière. Le nom de Lyonzon vient de Freeze Corleone, quand ce dernier venait rendre visite à Gouap il disait je viens à Lyonzon… Déjà en 2014, on pouvait voir ce blaze sur un freestyle du 667 balancé sur Radio Canut 102.2Fm. Voilà vous savez à peu près tout, passons désormais à la présentation succincte de chaque membre.
Gouap : le chef d’orchestre, c’est chez lui dans son appartement à « la Maisonnette » que tous les morceaux sont enregistrés. Il s’occupe aussi du mix des projets et signe bon nombre de prods. Extrêmement actif, il a déjà sorti plus de 13 projets en dehors de Lyonzon dont l’EP commun avec Ashe « Free Slash« .
Mini : frère de Gouap, d’où le nom, sous-entendu Mini-Gouap. Si son frère rappe plutôt d’une voix volontairement douce, il a décidé de se différencier avec un style plus agressif et a déjà envoyé 4 projets solos dont le dernier en date « Mini Tape 3 » en février que je recommande.
Noma : membre du RTT Clan avec les deux frères cités plus haut depuis 2012. Il a acquis une solide expérience et nous livre à chaque fois des couplets remplis d’egotrip. Son troisième solo « Binks 3 » est sorti en janvier et je vous le recommande également.
Mussy : membre de Saturn Citizen, il a été un des derniers à rejoindre le groupe et reste l’un des plus mystérieux . Néanmoins, il prend de plus en plus de place au fil des projets du crew et s’invite même sur les tapes solos des différents membres, en attendant le projet solo ?
Bu$hi : le second rappeur du désormais binôme Saturn Citizen depuis le départ d’Azur, on vous l’a déjà présenté par deux fois à l’occasion de la sortie de « Bushi Tape Vol.1 » puis de « Bushi 1.5« . Deux projets qui sont parmi mes sorties préférées de ce début d’année et qu’il faut avoir écouté, il a vraiment un truc en plus.
GG : DJ officiel du groupe, il apparaît forcément plus en retrait que les autres mais est un membre important et essentiel de Lyonzon comme le rappellent régulièrement les différents rappeurs du collectif. Il produit également certains des titres du dernier projet comme « Range Ton Tah » et « OG« .
Jolly : d’origine italienne et rappant principalement dans la langue de Francesco Totti ou Sivio Berlusconi selon vos idoles. Il apporte une vraie touche personnelle lors de ses apparitions et cette différence fait parfois basculer les morceaux vers des niveaux supérieurs comme son refrain sur « Lyonzon Lyonzon« . Il a sorti un projet solo « Jolly Tape Vol.1 » l’année dernière.
Kpri : le plus jeune du groupe, il va sur ses 18 ans. Pas pour autant qu’il est la mascotte mais clairement l’un des meilleurs du crew et même de sa génération avec des phases incroyables et un charisme fou. Ecoutez « Kpri Tape Vol.1 » ou son couplet sur « Arah 0 » et vous le constaterez très vite. Grand adepte de punchlines impertinentes, il fait de son jeune âge une force « j’ai l’âge de ton petit frère pourtant j’baise ta grande soeur ». Il a rejoint le groupe suite à un freestyle devant certains membres du groupe lors de son stage de 3ème.
Ashe : sûrement le plus connu grâce à une année 2019 marquée par 3 projets dont l’excellent « Ashe Tape Vol.2« . Après avoir connu la prison, il a commencé le rap en 2018 grâce à Gouap et a level-up à une vitesse folle. Avec son nouveau projet « Movie Tape » sorti vendredi, il devrait ramener encore plus de lumière sur son écurie et la drill en France.
Et la suite ?
La fusion entre l’expérience de Kore et le talent de Lyonzon risque de faire des ravages. On peut s’attendre à « En attendant la Popance 2 », comme ils l’avaient annoncé, avant la sortie de leur premier album « La Popance ». Désormais entourés d’une équipe plus professionnelle, ils vont pouvoir se concentrer uniquement sur la musique et faire ce qu’ils maîtrisent le mieux : nous briser les cervicales.
En parallèle, de nombreux autres projets solos devraient voir le jour au cours des mois et même des projets communs avec des membres autres que leur crew car comme l’a révélé Gouap, il est fan de ce qu’a pu faire Gucci Mane avec les Future, Young Dolph, Young Thug et autres. La première image qui nous vient en tête c’est des connexions avec des membres du 667 dont ils sont proches aussi bien humainement que musicalement. En bref, il faut prendre le train en marche car ça va pop fort !