projets rap français du premier trimestre 2023 : notre sélection

Projets rap français du premier trimestre 2023 : notre sélection

Voilà déjà 3 mois que l’année est commencée et nous offre toujours plus de projets chaque semaine. Difficile de tout suivre, impossible de tout écouter, il faut forcément faire des choix, donc voici une petite sélection assez variée de quelques projets rap français du premier trimestre 2023 qui nous ont parlé, qu’on a beaucoup écouté et qui mérite, pour la plupart, plus de visibilité. On ne change pas le concept, les 4 trimestres de 2022 sont d’ailleurs toujours à retrouver sur le site. N’hésitez pas à nous faire un retour et à partager vos projets favoris.

Djado Mado : “RDV”

Vous avez décidé de continuer de dormir sur Djado Mado donc je me sens obligé d’en remettre une couche. Après la sortie des 3 projets “Ulhaq” , “Noor” & “Noor 2” , le rappeur de Valence s’était fait assez discret en 2022 avec pour seule apparition le morceau “Sous La Pluie” . 2023 commence fort avec le court EP “RDV” un 4 titres porté par le gros morceau éponyme qui est un bijou aussi bien dans l’écriture que dans l’interprétation.

Le rap qui se dégage du projet fait du bien aux oreilles et même lorsqu’il abandonne le couplet unique pour un titre avec refrain plus chanté comme “La Mélodie du Hazi”, le résultat est convaincant. La production assurée par Madizm & Keyser Soze Beats participe grandement à la qualité. Djado Mado est typiquement le genre d’artiste à qui convient le format EP. On s’écoute ça d’une traite et on le relance immédiatement. Un rappeur qui mérite plus de lumière et on espère que ces quelques lignes y participeront.

Sadandsolo : “Subsahara”

Sadandsolo est apparu sur le devant de la scène notamment grâce à sa collaboration en 2021 avec La Fève sur “Nova” et plus récemment avec des titres comme “Pull Up” & “Slide”. L’artiste bruxellois développe sa musique en contrôlant le processus créatif de A à Z, de l’écriture au beatmaking en passant par le mixage.

Sadandsolo ne laisse rien au hasard et cela se ressent en particulier sur son dernier projet “Subsahara” qui reflète sa vie entre l’Afrique et l’Europe où l’on retrouve un mélange des sonorités. Un EP 10 titres où le franglais est présent et les adlibs utilisés à bon escient. La construction du projet passe par une alternance des rythmiques entre cloud et BPM plus rapide où l’ambiance générale reste au flex et aux bonnes vibes.

Carson : “Concentré Vol.2”

Carson est de retour donc pourquoi ne pas continuer à vous parler du rappeur du 94 qui compte “venir mettre enceinte la fille de Zemmour”. En attendant de réussir cet ambitieux projet, ils nous livrent 5 nouveaux titres dans la continuité du premier volume. Un gros quart d’heure de kiff qu’il résume en parlant de nous autres auditeurs “ils attendent mon prochain EP comme le RSA”.

Aux côtés de Nayla, Ratu$ & LuXe, bien qu’il n’ait pas encore “Le Budget d’Oumardinho” , le rappeur est un vrai MC adepte du boom bap et a une science de la rime maîtrisée. Celui qui de son propre aveu ne s’est “jamais senti aussi fort que maintenant” vient de boucler sa série de EP et se lance dans la sortie de plusieurs singles qu’il auto-produit dont “Jamiroquai” est le premier et disponible depuis le 17 mars.

Venom Cz : “Burn Alive”

Depuis la sortie de son premier projet “Venom” en 2021, nous suivons avec attention la carrière de Venom Cz membre du CZ8. C’est ce qui se fait de mieux en drill en France. Les codes anglais sont parfaitement assimilés et adaptés à leur propre vie le tout agrémenté d’un riche vocabulaire imagé.

Des références à la série Shameless, à l’entreprenariat de Master P ou plus étonnante à Michel Platini, le rappeur du 92 a encore réussi à nous avoir. On aimerait juste avoir des projets comportant plus de titres car avec 3 ogives, on reste clairement sur notre faim. Depuis, Venom a sorti un nouveau morceau “Osimhen” en référence à l’attaquant du Napoli qui est encore une fois réussi. Entre Zeu et Venom Cz, la drill française a encore de beaux jours devant elle.

Ben.c : “Silver Boy”

Originaire du 15e arrondissement de Marseille et plus précisément du Parc Kalliste, Ben.c reçoit les éloges de nombreux rappeurs, parmi lesquels Gouap ou JMK$ qui l’a signé sur son label Dirty South Family. Presque un an après “Bronze Boy”, nous avons droit à “Silver Boy”, en attendant “Golden Boy” ? Un EP 8 titres bien produit et bien rappé. De l’hommage au freestyle Grunt d’Alpha Wann au Japon en passant par “The World Is Mine” d’Ice Cube, Ben.c connaît ses classiques et navigue entre différents styles musicaux tantôt cloud tantôt plus trap.

Avec JMK$, Decimo & Bushi comme featurings et qui ne cessent de prendre du niveau ces derniers mois, on vous conseille d’ailleurs “Interlude” du rappeur de Lyonzon, les connexions sont de vrais bangers. Avec L’as, c’est le rappeur marseillais sur lequel on a envie de parier pour cette année et on espère que vous capterez le délire, il est encore jeune et n’a pas fini de progresser !

Heskis : “Plot Twist”

Il y a des rappeurs pour qui l’ascension est fulgurante, puis d’autres pour qui la route est plus longue malgré un talent certain pour le rap. Heskis rentre dans cette deuxième catégorie. Après avoir fait ses armes au sein de Hors II Portée qui faisait partie du 5 Majeur, le rappeur nantais s’est fait assez discret avant de revenir en 2017 avec “GG Allin” puis en 2022 avec “Holla” où il a continué à nous montrer que l’écriture est un élément central de sa musique.

“Plot Twist” est dans la suite logique des choses et pour un premier album, le résultat est intéressant. Heskis s’est pris la tête sur la ligne directrice du projet avec des interludes qui nous permettent de faire une pause au milieu de morceaux où il dit beaucoup de choses.

Issu d’un style très old school, on sent que son travail avec la 75e Session lui a permis de se diversifier et de s’essayer à de nouvelles sonorités comme sur “Le Nom des Fleurs” qui fait penser aux instrus sur lesquelles peut poser Sheldon ou “Coeur <3” où on imagine M Le Maudit débarquer de façon nonchalante dessus. Trois invités : Plae Casi, Joey Larsé et surtout Jewel Usain qui est en feu depuis le début de l’année et dont chaque couplet est une claque.

The Free : “Filaments Bleus”

C’est un nom que pas grand monde ne s’attendait à revoir dans le paysage rap français. Après avoir écumé le rap français au début des années 2000 au sein du groupe La Baraka puis avec Stamina, celui qui se faisait appeler à l’époque Freez, était assez discret depuis la sortie de son précédent EP “Minutes Vides” qui date de 2017. Originaire d’Orléans mais vivant sur Paris depuis de nombreuses années, The Free nous a livré notre coup de coeur du trimestre avec son premier album “Filaments Bleus”.

A 40 ans, il a su nous toucher avec beaucoup d’introspection notamment le morceau en hommage à sa maman “Là-Haut” et une remise en question du monde dans lequel nous vivons. Un album dans l’air du temps où l’argent prend une place importante dans un contexte d’inflation et de tensions sociales. The Free a su se faire plaisir en invitant des rappeurs talentueux dans leur domaine : Ockney, Sheldon, Souffrance et Robdbloc et en travaillant notamment avec Minghus et Spezial pour les productions.

Oumar : “Trauma Saison 3”

La carrière d’Oumar dans le rap est celle d’un surdoué de la rime qui a toujours eu le respect de ses pairs, qui préfère prendre son temps pour sortir des projets, qui continue de faire ça par passion plutôt que de vouloir sans cesse récolter des lauriers et enfin qui sait où piocher ses références, que ce soit dans la rue, la culture hip-hop ou comme ici des titres de séries comme “Top Boy” ou encore “Snowfall”. Caillera à la muerte comme il le dit et disait si bien Salif.

Signé chez Din Records, le havrais qui vient “faire du sale à la Mobb Deep” a ramené une sacrée équipe pour l’épauler sur “Trauma Saison 3” avec Souffrance, 404 Billy, Tedax Max et Cashmire. Plus de deux ans après le deuxième volume, Oumar se devait de frapper un grand coup et c’est ce qu’il a fait avec en parallèle la diffusion d’un freestyle de 28 minutes avec Ben PLG, Jewel, Médine, Souffrance et Tedax Max. Une performance qui aurait totalement eu sa place sur un Grünt.

Houdi : “La folie des grandeurs”

Houdi a réussi à faire ce que beaucoup rêvent, faire parler de lui très rapidement et faire sensation dans un style propre à lui-même mêlant egotrip, introspection, morceaux plus mélodieux, un paquet de sonorités différentes et surtout une bonne dose d’humour puis un maniement de la rime aiguisé. Depuis la sortie en 2022 de son premier EP “Woka” notamment, le rappeur mystérieux s’est créé un vrai public, mais avec l’arrivée des projets “Grhünt #77” en début d’année puis surtout de “La folie des grandeurs”, il a encore passé un cap et aucun doute sur le fait qu’il aura un jour sa place réservée pour un véritable Grünt; sûrement avant le 77.

C’est un peu le projet qui a convaincu une bonne partie des plus réticents, celui qui l’a révélé aux yeux de certains, sûrement le plus travaillé musicalement et un de ceux qu’on a le plus écoutés en ce début d’année. Avec pour titre une probable référence au film avec Louis de Funès mais aussi au projet “La folie des glandeurs” de 2Fingz (l’artiste du 77 appréciant particulièrement le regretté Népal), composé de 9 titres produits par Giovanni, Push K, Sobek, Dance et Bayadis ayant pour invités Stony Stone et 34Murphy puis porté par l’entraînant “Monaco”, difficile de trouver quelque chose à redire. Houdi le chouchou des madames mais pas que…

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