Winter's diary mixtapes throwback Tink

Throwback #1 : les “Winter’s Diary” de Tink

Avec cette chronique, je vais revenir sur des séries de projets qui m’ont plu, connus ou non du grand public, français ou non, rap ou non. L’occasion de prendre le temps de réécouter ou de découvrir des pièces qui ont déjà un certain temps à une époque où le streaming rend obsolète des albums qui n’ont même pas un an. Pour commencer et à l’occasion de la sortie de l’album “Thanks 4 Nothing”, j’ai eu envie de me replonger dans la série de 4 mixtapes “Winter’s Diary” de Tink. Bonne lecture.

Le rêve adolescent

Tink a réussi le rêve de tous les jeunes adolescents musiciens. Alors qu’elle est scolarisée au lycée, à la Simeon Career Academy, dans le sud de Chicago, la jeune chanteuse sort sa toute première mixtape Winter’s Diary en 2012 à tout juste 16 ans. Et ce avec les moyens du bord entourée de son équipe de l’époque et de son père qui lui fera enregistrer sa première chanson étant lui-même ingénieur du son. Issue d’une famille de musiciens, la jeune adolescente chante dans une église depuis ses 5 ans et se passionne depuis toujours dans l’espoir de faire carrière.

Ce premier projet est évidemment loin d’être le plus abouti mais comporte ce qui fait la beauté de l’amour enfantin. A 16 ans, on pense qu’on ne se remettra jamais d’une rupture amoureuse et c’est ce que va nous décrire Tink au travers de ses expériences personnelles qu’elle va réarranger pour les besoins du projet. De son côté j’aime les bad boys sur “Bonnie & Clyde” à l’egotrip “Bad Girl” avec la phase “these b*tches hoes staring me down like that fridge in they kitchen” qui m’a fait rire ou des titres plus légers comme “Friends with Benefits” qui se passe de traduction. L’intégralité de ce premier opus est produit par DJ Hustlenomics qui avait bossé avec Chief Keef par le passé.

L’ascension vers le succès

3 mixtapes verront le jour entre le premier volet et le second Winter’s Diary 2 : Forever Yours en janvier 2014. Boosté par le single “Treat Me Like Somebody” qui est encore à ce jour son titre le plus streamé, les gros médias commenceront à s’intéresser de près à la chanteuse de Chicago. Toujours entourée de son père pour le mix du projet et l’enregistrement, Tink va collaborer préalablement avec certains des rappeurs les plus en vogue d’une scène de Chiraq en pleine effervescence parmi lesquels Lil Herb, aujourd’hui G Herbo ou Lil Bibby, ce qui lui permettra de se faire valider et d’être au centre de l’ascension.

Bien plus abouti que le précédent, “WD2” est bien écrit et les personnages créés par la chanteuse de Calumet City nous font vivre leurs histoires amoureuses souvent décevantes avec plus de coffre que par le passé. Le principal point faible du projet réside dans la qualité des productions. Bien que Tink se soit entourée d’une plus grande équipe pour la conception musicale de la mixtape, on sent qu’avec un producteur de renom et une direction artistique plus claire, elle pourrait passer un palier. En octobre 2014, elle signera sur le label de Timbaland. Le début d’une belle histoire ?

La déception de la maison de disque

Signée chez Epic Records via Mosley Music, Tink va commencer à bosser sur son premier album qui ne verra pas le jour. La faute à un Timbaland qui souhaite faire d’elle la nouvelle Aaliyah. Tink est plus proche d’une Lauryn Hill que de la défunte chanteuse. Frustrée de ne pouvoir livrer de la nouvelle musique, elle va revenir avec Winter’s Diary 3 qui ne contiendra qu’une seule production de son mentor avec “L.E.A.S.H.” proche de “Bad Girl” présent sur le premier volume.

La chanteuse va encore pousser plus loin le storytelling avec des titres comme “Stripclub” qui raconte la vie d’une jeune mère en rupture familiale qui bosse dans un strip club pour gagner sa vie. Le message étant que personne n’a le droit de juger la vie d’autrui car on ne sait pas ce que peut vivre la personne. D’un point de vue musical, c’est le plus réussi des trois premiers volumes. Plus court avec 10 titres contre une quinzaine pour les précédents, on n’a pas le temps de trouver l’ennui ni de se dire qu’il y a des morceaux qui n’ont pas leur place dans la tracklist. C’est le projet que je recommande pour découvrir son univers.

Un 4e volume en 2016

A peine un an après “WD3”, Tink est de retour avec Winter’s Diary 4 produite notamment par Timbaland et Jahlil Beats. C’est le dernier volume de cette superbe série de mixtape et aussi la première où, bien que les thèmes autour des relations amoureuses soient prépondérants, la façon d’en parler a changé. En effet, Tink est désormais une personnalité publique avec une certaine notoriété. Elle a senti que sa vie avait changé et que les hommes qu’elle pouvait rencontrer pouvaient avoir des arrière-pensées en lien avec sa célébrité.

Ce questionnement est présent dès l’intro et se fait ressentir sur le magnifique “All Falls Down” qui est mon morceau préféré des quatre volumes. L’industrie musicale en prend aussi pour son grade au travers de quelques phases bien piquantes. Nous ne ferons pas de classement des différentes mixtapes mais elles symbolisent chacune un moment de sa vie, des débuts jusqu’aux prémices du succès et enfin la façon de le gérer. Tink a beaucoup de choses à dire et fait partie des artistes dotés d’une plume sublimant la voix.

Tink Winter's diary mixtapes cover
Les 4 covers des mixtapes “Winter’s Diary” de Tink qui se sont plus ou moins améliorées avec le temps…

Et depuis ?

Il s’ensuivra une période de 3 ans sans sortie officielle à l’exception du EP “Pain & Pleasure” en 2018, la faute à des tensions avec son producteur Timbaland. Après avoir réussi à casser son contrat avec Mosley, elle reprendra le chemin des mixtapes avec “Voicemails” qui est également un petit bijou puis avec l’EP “A Gift and A Curse” le tout en indépendant. Tink a toujours dit être ouverte à négocier avec une nouvelle maison de disques mais ne trouvera pas d’accord avec ces dernières.

En 2020, c’est donc d’elle même que sortira son premier album “Hopeless Romantic” un 14 février, tiens donc, presque 8 ans après son premier projet. Depuis 3 nouveaux albums ont vu le jour toujours en indépendant et distribué par Empire : “Heat of the Moment” mon préféré, “Pillow Talk” et enfin le 24 février 2023 “Thanks 4 Nothing”. On vous invite vraiment à jeter une oreille sur la riche discographie d’une chanteuse/rappeuse qui n’est pas forcément aussi connue que ses compères en France mais qui est pourtant un des plus gros talents outre-Atlantique.

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