Zamdane - Couleur de ma peine album avis 2022

Zamdane sans filtre sur “Couleur de ma Peine”

La déception peut être grande quand on aime beaucoup un artiste et qu’on attend son premier album avec impatience. Zamdane est clairement depuis “20’s” un rappeur que nous prenons beaucoup de plaisir à écouter et dont l’univers musical est intriguant. Depuis ses débuts on ressent qu’il s’agit d’une personne avec beaucoup de valeurs qui est passée par des moments difficiles. Avec “Couleur de ma peine” s’est-il dévoilé un peu plus, a-t-il mis encore plus haut la barre ? Revenons sur cet opus qui fait beaucoup parler depuis sa sortie.

Du Maroc à Marseille

Né et ayant grandi au Maroc, Zamdane a découvert le rap en arrivant en France initialement pour y suivre ses études. Si dans un premier temps, il dit écouter seulement les gros artistes du rap français au bled, son arrivée va lui permettre de se familiariser avec toute une génération de kickeurs et se connecter avec la scène marseillaise plus underground lors des Open Mic.

Même s’il n’y est pas né, Zamdane se sent attaché à la capitale de la Méditerranée. Il s’y est même définitivement installé depuis quelque temps. Dès son premier projet “20’s” on pouvait déjà entendre un fort potentiel avec cette volonté de se tester sur différents styles; le refrain de “Nil” est surprenant et à l’opposé du banger “Mektoub”.

Au fil des mois puis des années, Ayoub Zaidane, de son vrai nom, va sortir plusieurs projets et séries de freestyles parmi lesquels “Affamé” , “Z” et “Chrysalis” . Projet après projet, on constate un véritable progrès d’un point de vue des lyrics, des mélodies et une prise de tête croissante sur le choix des prods. Le seul petit bémol restant, c’est qu’on n’apprend pas grand-chose sur lui et ce qui se passe dans sa tête. Pourtant, le peu de fois où il est un peu plus introspectif comme sur “NTM” on obtient de magnifiques morceaux.

A la découverte d’Ayoub

Annoncé initialement pour fin 2021, “Couleur de ma Peine” sortira finalement le 25 février 2022. Dès les premières lignes, vous avez déjà pu comprendre que “Couleur de ma Peine” nous permet d’en apprendre beaucoup plus sur Zamdane. Le jeune rappeur se livre à coeur ouvert sur le monde qui l’entoure, il ne peut pas rester naïf et doit se forger une carapace contre les faux. Zamdane est beaucoup plus libéré artistiquement et ce n’est peut-être pas étranger à son changement d’équipe, notamment de manager. Il dit avoir trouvé une seconde famille avec les gens qui l’entourent et que tout se passe dans la bienveillance.

Sa volonté de rester indépendant même quand on lui a proposé 800 000 euros pour signer vient sûrement de cet équilibre. La famille est au centre de son propos “j’préfère encore finir en enfer que ma famille doute de moi”, on le sent fier de ses parents et les allusions à son père mais surtout sa mère sont nombreuses “J’suis nerveux, j’le tiens d’mon père” / “Mama, j’t’aime mais on est pauvres”.

Jamais j’n’ai retourné ma veste, le plus important, c’est la famille

Boyka

Le deuil prend également une place importante et, même s’il l’avait déjà mentionné auparavant notamment dans le premier extrait “Zhar” (“Sauver Aïcha de l’accident, sauver mon frère de la noyade”), dès l’intro du projet on apprend que Zamdane a perdu sa soeur l’an dernier et la magnifique outro lui rend hommage. Un décès qui l’a profondément marqué et qui s’inscrit au milieu d’autres pertes “j’parle à mes morts tous les soirs, ils vivent dans ma mémoire” , “j’perds un frère, deux frères, trois frères, quatre frères chaque année” , “Viens dans ma tête, y’a des images, des flaques de sang, des draps qui recouvrent des visages”.

Zamdane, grand sourire cachant la couleur de sa peine

Couleur de ma peine, un premier album complet

La ligne directrice de l’album est tenue jusque dans les invités : Dinos, Soso Maness et Jazzy Bazz chacun invité pour un type de morceau précis. Zamdane se dévoile intimement sur la pauvreté, ses faiblesses ou sa vision de la France comme d’un eldorado “à 10 ans je rêvais de quitter le pays, voir la France” sans pour autant oublier ses racines comme en témoignent certains passages dans sa langue maternelle qui apporte un vrai plus à l’interprétation. Il fait place à un homme qui a été trahi par le passé et qui depuis s’est recentré sur lui même avec pour slogan : “mon seul trésor, c’est ma dignité” .

Au milieu des morceaux introspectifs, “Groupie Love” est un OVNI qui fait du bien. Un moment de douceur au milieu des histoires dures bien que le morceau ne soit pas tendre. Zamdane conseille à une fan amoureuse de lui d’aller chercher son bonheur ailleurs. “Flouka” aussi est dans un style différent touchant et sonne comme un hommage à tout ceux décédés en essayant de traverser la méditerranée.

N’oublions pas également de souligner les références à quelques animés comme Hunter x Hunter, Dragon Ball ou encore My Hero Academia où le dépassement de soi, l’altruisme et l’envie de venir d’ailleurs sont présents constamment, la qualité et diversité des instrus signées par Yann Dakta & Rednose, CactusMilk, DANCE, Bayadis et bien d’autres, mais aussi des visuels comme “Le monde par ma fenêtre” réalisé par Roxanne Peyronnec et lui-même.

En bref, un album qui a dépassé les attentes que l’on avait avant sa sortie. Zamdane a su nous livrer une vraie pièce introspective remplie de sincérité et d’émotions, une sorte de journal intime, une thérapie, un exemple de réussite, un témoignage, un hommage aux disparus, la couleur de sa peine et un des projets les plus marquants de ce premier trimestre 2022.

Monde est sur mes épaules j’le fais tout seul
J’veux plus fermer les yeux j’ai peur d’oublier
J’pourrais les échanger pour te voir
Maintenant t’es ma force donc j’vais tout plier

Vide quand t’es pas là

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