Album La fusée, un voyage signé Gambino

Gambino nous fait voyager via “La Fusée”

Rappeur énigmatique des quartiers Nord de Marseille, Gambino évolue en dehors des radars via sa structure Total Ndé Production qui porte bien son nom. Il ne montre jamais son visage et possède une productivité stakhanoviste.

Gambino : absolument pas la copie de Jul

Bon soyons honnête, quand un rappeur vient de Marseille, fait tout en indépendant, est ultra productif, est adepte des musiques d’été qui font bouger la tête et reste extrêmement proche de son public, le parallèle est facile avec Jul avec qui il a déjà collaboré sur le titre “VNTM” issu de l’album “La Zone en Personne”, mais il reste absent du “Classico Organisé”.

Soyez rassuré, si Jul est, depuis le début de sa carrière, ouvert aux featurings, Gambino reste lui quasiment exclusivement en solo, ne dévoile rien d’autre que sa musique et commence à peine les interviews. Les instrus sont également bien moins répétitives. Derniers points communs, les dédicaces récurrentes et les remerciements envers leur public respectif. Par contre, il se sent beaucoup plus proche du modèle QLF de PNL.

Après avoir envoyé des dizaines de clips pendant plusieurs années et obtenu son premier single d’or avec l’excellent “Alicante” , Gambino a envoyé son premier album “Galaxia” le 8 janvier 2021. Un projet 22 titres sans invité avec des sonorités assez variées et porté par des gros singles comme “Medellina” , “Napoli” ou “Hassa” car oui Gambino adore les noms de villes comme titre de morceaux, “Hawaï” , “Tijuana” , “Alicante” , “Mexico” , “Napoli” , “Rio de Janeiro”, car cela lui donne l’impression de faire voyager ses auditeurs.

Décollage imminent

“On m’appelle la fusée” rappait-il sur les morceaux “Jeune de Cité” & “Satellite”. Une des premières phases de l’intro de son premier projet était “la fusée rentre en légende” et au final 10 des 22 titres de “Galaxia” contiennent des phases sur la fusée. De plus, 3 ans en arrière, un de ses premiers clips s’appelait “La Fusée” . On peut donc dire que la boucle est bouclée. Plus qu’une passion pour les astres, le marseillais développe un vrai concept autour de l’espace qui se caractérise par cette volonté d’atteindre les sommets et de briser les barrières que beaucoup se mettent en étant issus des quartiers Nord.

Ce qui ressort en premier dans la musique et les textes de Gambino c’est la vie de quartier, là où certains vont s’orienter vers du rap conscient et politisé, le rappeur marseillais lui va y ajouter des sonorités latines voire même électro comme l’incroyable single “Ibiza” qui a le potentiel pour devenir un hymne des soirées. Ne cherchez pas l’allitération ou l’assonance, Gambino va à l’efficace. Le plus important dans ce morceau c’est le refrain. Il reste dans la tête dès la première écoute. Les couplets ne sont qu’accessoires pour faire patienter l’auditeur jusqu’au point d’orgue du son.

Ne vous y trompez pas, je ne suis pas le seul à être tombé sous le charme, car avec plus de 800 000 auditeurs quotidiens Gambino est entrain de tout arracher sans média, ni mise en avant.

Gambino et son single d’or obtenu pour le titre “Alicante”

Une carrière en orbite

Gambino a franchi un grand pas en réussissant à passer de rappeur à tubes à rappeur d’album. Ecouter 20 hits à la suite c’est pas intéressant et ça il l’a très bien compris. Il alterne entre morceaux à BPM rapide, mélodies entraînantes, titres ensoleillés et tracks où il se fait plaisir et tente d’autres choses.

Le second extrait à avoir été dévoilé en est le parfait exemple. Avec “PGP” Gambino s’essaye à la drill. Si lors de la sortie du morceau je n’ai pas été convaincu, le titre trouve sa place dans la tracklist et la suite qu’il forme avec “Marseille” offre un véritable pont sur la fin de l’album. Ce qui est notable avec ce titre “Marseille” c’est justement la froideur qui domine. Là où tous les titres de Gambino qui portent le nom d’une ville sont joviaux et festifs, celui qui parle de sa ville est dur pour dépeindre la réalité d’une cité touchée par la violence et le trafic.

Si on finit l’album avec une instru planante sur “Fracturé” qui fait penser à PNL, on l’attaque avec un enchaînement de 4 titres, “Bénéfices” , “Bogota” , “Le Jour D’après” et “Rebenga”, directement pensés pour ses fans. Il y règne une séquence nostalgie de l’époque où il envoyait morceau sur morceau avec des mélodies assez proches les unes des autres mais tout aussi efficaces. Au final, l’écoute de ce projet dans la vago apporte une dimension supplémentaire, on passe son temps à augmenter le volume et au fur et à mesure, on bouge la tête sans même s’en rendre compte.

En un an, Gambino a réussi à me faire valider ses deux albums et est mon artiste le plus streamé cette année. Il n’a que faire des codes du rap et continue d’évoluer entouré de son équipe. Le clip d’ “Ibiza” en est la plus belle preuve, on sent que les figurants sont ses potes. On ne les sent pas à l’aise devant la caméra et leurs pas de danse sont très approximatifs. Beaucoup d’artistes se seraient fait vanner pour ce qui peut s’apparenter à de l’amateurisme mais justement c’est là sa force, le fameux total N’dé !

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