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Beaucoup de rappeurs, aussi passionnés soient-ils, ne se voient pas rapper toute leur vie. Lil Bibby avait tout pour devenir un grand artiste, mais il en a décidé autrement et a mis un terme à sa carrière précipitamment. S’il est cependant resté dans l’industrie, c’est en tant que producteur qu’il évolue depuis quelques années. Retour sur une success story peu commune. Dans le précédent Throwback on revenait sur la série de mixtapes “Winter’s Diary” de Tink. Qui sera le prochain ? A suivre…
Des débuts prometteurs
L’ascension de Lil Bibby dans le rap a été linéaire et soudaine. Après avoir pris le micro pour la première fois en 2011 influencé par Chief Keef, Lil Durk et Lil Reese, le rappeur de Chicago sortira sa première mixtape “Free Crack” en 2013 avec DJ Scream qui héberge le projet, des producteurs comme Honorable C.N.O.T.E., Hit-Boy ou Young Chop et deux des rappeurs de la nouvelle scène de Chiraq les plus chauds : Lil Herb (G Herbo) et King L (King Louie). La mixtape va être un franc succès et acclamée par la critique.
Un banger va retenir l’attention : “Water” produit par Black Metaphor d’Atlanta qui s’est fait un nom quelques mois plus tôt via “Ali Bomayé” l’énorme tube de Game, Rick Ross & 2 Chainz. Le morceau dépeint la lutte de Lil Bibby pour garder la tête hors de l’eau dans un quotidien violent où règne la pauvreté. Dans la lignée de Chief Keef un an plus tôt, il vient marquer la drill de son empreinte et commencer à attirer les regards de l’industrie.
La confirmation
Lil Bibby ne va pas s’arrêter en si bon chemin et entouré cette fois-ci de DJ Drama, rien que ça, il va envoyer “Free Crack 2” en août 2014 après avoir été préalablement nommé aux XXL Freshmen. C’est cette tape qui va lui permettre de passer un énorme palier. Les productions sont de meilleure qualité, les propos du rappeur qui n’a que 20 ans sont plus poussés. Entre une introspection de cette vie dangereuse et la fatalité, il décrit sa vie dans les quartiers difficiles de Chicago.
Preuve de l’attention autour de lui, il aura le luxe de remixer “Water” avec Jadakiss – son rappeur favori avec Drake – & Anthony Hamilton. En plus d’avoir Wiz Khalifa, Juicy J, T.I,. et surtout Kevin Gates sur “We Are Strong” qui est à mon sens le meilleur titre de la mixtape. Le projet est qualitatif et une pluie d’éloges tombera alors sur le jeune rappeur. Tous les voyants sont au vert avant d’envoyer la suite.
Un 3e et dernier volume
“Free Crack 3” sera l’aboutissement de cette grande trilogie. La présence de la jeune garde des producteurs d’Atlanta avec Southside et Metro Boomin sur “Word Around Town” et “Aww Man” feat Future. Un casting XXL pour l’artiste avec Lil Herb, Common, R. Kelly, Jeremih, Tink et Jacquees, puis toujours la présence de Young Chop en producteur comme pour le premier “Free Crack”. 2015 marquera l’apogée d’une carrière qui ne comporte à ce moment-là que 3 mixtapes !
Tout le monde se bat pour le signer mais Lil Bibby a d’autres projets en tête. Alors que son compère Lil Herb a changé de nom en G Herbo et commencé à sortir des albums solos, le rappeur de Chicago va balancer 2 EP en 2016 puis 2017 “Big Buckz” avec Lil Durk en invité et “FC3 The Epilogue” qui contient 2 morceaux déjà sortis et qui sera le seul projet signé sur un label : Kemosabe Records. Puis presque plus rien, si ce n’est une ou deux apparitions… Le rappeur va prendre sa retraite alors que le monde du rap voyait déjà en lui une future star.
Lil Bibby, de rappeur à producteur
En parallèle de la sortie de son dernier EP, Lil Bibby va monter sa propre structure Grade A Productions avec son frère G Money et Peter Jideonwo. Initialement, il voulait sortir “Free Crack 4” mais des tensions avec son label vont le forcer à annoncer en 2018 qu’il ne pourra pas envoyer sa mixtape et même si aujourd’hui il n’est plus lié à cette structure, il ne semble pas vouloir délivrer cet opus très attendu par ses fans comme en témoignent encore de nombreux commentaires récents sur les réseaux.
Toujours à l’affût des nouveaux rappeurs, il va tomber sur le morceau “Lucid Dreams” de Juice Wrld et immédiatement le signer sur son label avant que ce titre ne devienne un tube. S’ensuivra une success story avec “Goodbye & Good Riddance” puis “Death Race For Love” qu’on ne présente plus, avant qu’il ne réussisse un deuxième gros coup avec la signature de The Kid Laroi. La présence de Juice que Kid considère comme son mentor et dont il est fan absolu a probablement facilité la chose.
Le Kid sort alors sa première mixtape “F*ck love” sur le label et du haut de ses 17 ans, en plus de se placer dans le top 10 du Billboard américain, il devient le plus jeune artiste australien à truster la première place des charts de son pays. Et encore, c’est sans parler des rééditions des projets des deux artistes qui ont également été récompensées aux quatre coins du monde.
Le décès de Juice en 2019 puis le départ de The Kid Laroi en 2021 vont compliquer les choses. Ils conservent malgré tous les droits des projets posthumes de l’auteur de “Robbery”. Bien que la qualité des projets sortis depuis ait baissé, les streams restent quant à eux énormes et demeurent une source de revenus importante pour Lil Bibby. Plusieurs accusations sont tombées à ce sujet, notamment par l’ingénieur de Juice Wrld, mais on vous invite à vous faire votre propre avis.
Enfin, un dernier album posthume devrait sortir dans le courant de l’année. Lil Bibby souhaite que cet album soit une célébration et en finir avec le deuil.
Conclusion
Lil Bibby semble avoir décidé de ne pas reprendre sa carrière de rappeur. Une ascension rapide et un succès qui aurait pu l’amener à devenir un poids lourd du rap US. Comme il l’a expliqué en interview, son objectif est de faire un maximum d’argent. Il semble qu’être devenu producteur soit bien plus rentable pour lui et qu’on ne le revoie plus derrière un micro.
On peut trouver ça regrettable car bon nombre de rappeurs deviennent des producteurs à succès tout en conservant leur carrière de rappeurs.
Il n’a pas voulu multiplier les casquettes et se concentrer pleinement sur son business. Les résultats obtenus pour le moment sont en sa faveur et le natif de Chicago semble avoir fait le meilleur choix pour son futur. L’autre donnée à prendre en compte pouvant expliquer ce choix, c’est qu’ayant grandi dans la culture des gangs dans un des coins les plus difficiles des Etats-Unis, être un rappeur signifie être identifié et devenir une cible de choix pour les sets adverses. En rejoignant un métier plus dans l’ombre, il a pu ainsi être plus en retrait et éviter des soucis qui ont été fatals à bon nombre d’artistes.
Le label a depuis continué de signer des artistes comme Stunna Gambino une jeune rappeuse de 22 ans déjà validée par Rihanna à ses débuts et qui a collaboré avec The Kid Laroi & Polo G sur “Not Sober” puis envoyé son premier projet “Vultures Don’t Kry” en août 2022 qui contient 2 feats avec A Boogie Wit Da Hoodie. Les autres signatures sont Rocco, Zzz, Clever et le producteur Haan. Ils possèdent un point commun avec le défunt Juice Wrld, leur univers musical reste assez proche… Bien qu’on ait du mal à voir en eux des futures superstars pour le moment.