3 rois sans couronne rap français : Grodash, Casey, Guizmo

3 rois sans couronne du rap français

Les rois sans couronne du rap français et non pas de Kuroko No Basket. Un sujet maintes fois abordé. Un débat sans fin très subjectif. C’est pourquoi j’ai décidé de vous donner mes rois sans couronnes, mais bien sûr partagez les vôtres en commentaire. Avant de commencer, je tiens tout de suite à préciser que Nessbeal, Salif et Nubi n’en feront pas partie sinon ce serait trop facile et sans intérêt. Place à 3 rappeurs qui ne sont pas dans toutes les bouches mais dont le talent est certain.

Grödash

Aujourd’hui, il y a plusieurs écoles de rap mais à la fin des années 90, il y avait surtout l’école des Ulis avec comme tête d’affiche Sinik et Grödash qui ont fait partie du groupe Ul’team Atom. Après avoir remporté Dégaine Ton Style en 2002, Grödash ou Mr. Shizzle comme vous préférez va enchaîner les projets aussi bien en groupe qu’en solo. “Illégal Muzik” , “La Vie de Rêve” , “Enfant Soldat” jusqu’à poser sur “Autopsie Vol.4” de Booba avec le titre “Bandana Muzik” . Une surprise pour beaucoup tant le discours de KOPP est à l’opposé des valeurs de Grödash qui prône un retour au bled et s’en fout de faire des thunes dans le rap. Le remix de “Illégal” en est le plus bel exemple.

Le principal problème pour le rappeur du 91 est qu’il est arrivé en pleine crise du disque à une époque où le rap commence à changer et que le rap dit “street” commence à se voir opposer une génération moins crue mais tout aussi talentueuse de rappeurs parmi lesquels Orelsan, 1995, Caballero, Keny Arkana… En vrai amateur de rap, Grödash ne va pas pour autant s’arrêter au point de nous pondre ce qui reste pour moi son meilleur album : “Bandana & Purple Haze” en 2014. Un album maîtrisé du début à la fin, des sonorités variées aux invités. En parlant des featurings, le casting montre tout le respect que lui porte le game : Alkpote, Sir Samuel, Oxmo Puccino, LMC Click, Nakk Mendosa…

Depuis, les projets se sont enchaînés dans un relatif anonymat. L’EP “Ghetto Littérature” en collaboration avec le beatmaker Coazart fait partie de mes EP favoris de 2021. Il y a quelque temps est également sorti un nouveau projet “Monnaie Time” avec A2H, Ul’team Atom, Georgio, Melan… Une excellente surprise de début d’année qui lui fait encore plus mériter sa place ici, et si vous doutez de la puissance du G, son dernier freestyle sur Mouv’ pourrait vous faire changer d’avis.

Casey

Comment faire cet article sans citer Casey ? La rappeuse du 93 commence à enfin recevoir ses lettres de noblesse après des années dans l’ombre. Pourtant, sa carrière avec seulement deux albums solos, deux EP, une compilation, trois albums collaboratifs et trois projets de groupe avec Anfalsh entre 2003 et 2014 ont toujours reçu l’approbation de la presse spécialisée et des auditeurs qui ont eu le bon goût de se laisser tenter par l’écoute.

En plus d’être une femme, ce qui l’a probablement freinée dans son explosion à large échelle est peut-être sa volonté de ne jamais vouloir faire la moindre concession dans sa musique. Un choix fort et respectable en accord avec des textes forts qui dénoncent le passé colonialiste de la France, le racisme et les différentes magouilles politiques des chefs d’État.

Proche de La Rumeur, connus eux aussi pour les textes vindicatifs contre l’état, elle nous laisse deux magnifiques albums “Tragédie d’une trajectoire” en 2006 et “Libérez la Bête” en 2010. Comme projet marquant, on peut y ajouter les projets avec son groupe Anfalsh composé de B James, Prodige & Casey malheureusement non disponible en streaming.

Rare rappeuse et même rappeur invité sur France Culture, Casey va prendre ses distances avec le game au milieu des années 2010 mais l’appel du micro va être plus fort. Elle rappait sur “Pas A Vendre” “je me baladais avec dans les écouteurs du rap ou du rock” , c’est dans ce dernier style qu’on va la retrouver en 2020 sous le nom de groupe Ausgang avec la sortie de l’album “Gangrène” . Si les textes restent puissants, je vous avoue avoir été moins convaincu par le côté rock…

Guizmo

J’ai conscience que mettre Guizmo dans la catégorie des “rois sans couronne” va faire grincer des dents. Bien sûr qu’il est respecté dans le game et identifié mais l’est-il à sa juste valeur et se souviendra-t-on de lui dans 10 ans comme un des gros rappeurs de nos années ? Je ne suis pas sûr… Son dixième album “10 ans” est sorti fin 2021 et je n’ai vu que peu de gens en parler. Et pourtant, le parcours de Lamine Diakité force le respect.

Passé par les battles via les Rap Contenders, Guizmo a tout de suite su se démarquer par la qualité de son écriture et son interprétation. Il dépeint le quotidien d’un écorché vif tombé dans la drogue et l’alcool qui soigne sa dépression et son mal-être en se détruisant. Une histoire de vie glaçante d’un mec qui ne souhaite pas qu’on le plaigne et dont le rap sert d’exutoire.

Certains projets comme “Renard” sont un peu plus joviaux mais d’autres au contraire sont d’une noirceur qu’il interprète comme personne. Parmi sa riche discographie je vais vous en conseiller 4, “C’est Tout” son troisième album datant de 2012 rempli d’anecdotes et de storytelling, le quatrième “Dans Ma Ruche” plus sombre avec sans doute son plus grand morceau “André” , “Amicalement Vôtre” tout simplement saisissant, les histoires racontées sont pour certaines à vous glacer le sang et enfin “GPG 2” une tape de 30 titres mêlant introspection, légèreté et surtout rap de qualité. Une place bien méritée parmi les rois sans couronne

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