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Avec la série KSKCV (KeSKeCaVaut), on s’intéressera à des projets qui ont fait parler pour essayer de les analyser brièvement. Notre premier épisode parlera du 6e projet de SCH : “Jvlivs II” .
En à peine 6 ans, SCH est devenu un des plus gros poids lourds du rap français. Avant de sortir “Jvlivs II” , ses 5 précédents projets étaient tous considérés comme des classiques et pour beaucoup le deuxième volet de sa trilogie devait être son chef d’oeuvre ultime. Alors est-ce le cas ? Tout le monde a hurlé au classique après une écoute de l’album. Dès le lendemain matin tous les “sites” de rap ont décrété que c’était le projet de l’année, que tout était incroyable. Rien n’était à jeter. Nous allons essayer de revenir de la façon la plus honnête possible sur cet album qui disons le nous, nous a beaucoup plu.
Un SCH au-dessus de tout ?
Un premier extrait accompagné d’une vidéo de plus de 7 minutes. Avec “Marché Noir” , SCH a frappé un grand coup pour teaser son album à un mois et demi de sa sortie. Décor mafieux, rap incisif, des allusions fréquentes à l’Italie, le public (et nous aussi) est conquis. Un passage à Colors quelques jours avant la sortie pour une vraie claque avec “Loup Noir” dont l’interprétation est magistrale et nous voilà avec l’eau à la bouche. Le documentaire envoyé la veille de la sortie force les plus sceptiques à attendre à tout prix le projet dès minuit.
Le projet a maintenant quelques semaines et nous commençons à avoir du recul dessus. La performance de SCH est au niveau. Mais au niveau de ce qu’on lui connaît, on ne prend pas la claque monumentale qu’on avait pu prendre avec le premier volet de la série. Mais vous me direz c’est normal de ne pas avoir l’effet de surprise et vous aurez en partie raison. Plusieurs choses expliquent ce sentiment. Ce projet est autant celui de Julien Schwarzer que celui de Jvlivs là où le précédent était 100% JVLIVS. Il est beaucoup moins sombre que le précédent et contient même des moments ensoleillés comme “Grand Bain” , “Corrida” ou “Mode Akimbo” .
Jvlivs II plus fort que Jvlivs ?
Alors je vous avoue que le titre est juste là pour vous donner envie de lire parce que la réponse est très simple : “Jvlivs II” est la suite de “Jvlivs” , il n’y a pas lieu de les comparer. Si le premier volume était très sombre car son personnage se trouvait dans les bas-fonds, il semble que maintenant, il fasse partie de la pègre et ait gravi les échelons.
C’est pour ça que sur certaines prods comme “Crack” de Chady, on se retrouve dans des ambiances plus rock comme pour signifier un embourgeoisement du personnage. Un titre comme “Zone à Danger” est à l’opposé de la ligne directrice du premier projet avec le S qui est capable de reconnaître ses erreurs et de tendre la main “des fois j’insiste c’est pour ton bien”.
“j’ai pas honte de dire quand j’ai tort, j’ai pas honte de dire qu’elle comptait” .
Zone à danger
Les deux albums ont plusieurs points communs et restent sensiblement sur les mêmes thèmes. De la Mafia, au loup solitaire en passant par la trahison, l’univers reste le même mais évolue constamment. C’est vraiment intéressant, on suit ça comme un film et on a hâte de savoir comment l’histoire va se clôturer dans le dernier épisode de la trilogie. On commence à avoir de la sympathie pour le personnage, qui est passé de crapule qui tue tous les gens qui se dressent devant lui à mafieux qui fait tout ça pour sortir les siens du besoin. Il se dévoile plus intimement comme sur “Assoces” où l’on comprend mieux la psychologie de l’homme dont l’on suit l’histoire.
Les points faibles de Jvlivs II
Pour moi, les deux gros points faibles du projet sont les deux featurings. Celui avec Freeze Corleone sur “Mannshaft” et celui avec Jul sur “Mode Akimbo” . Attention, les deux morceaux sont bons et j’aurais adoré les écouter sur les projets respectifs de Chen Zen et du J mais je trouve qu’ils n’ont absolument pas leur place dans l’univers créé par SCH.
A chaque écoute quand je tombe sur ces titres je me surprends à regarder combien de temps il reste avant de passer au titre suivant. Pourtant pris individuellement je le répète je kiffe ces morceaux mais j’ai l’impression d’avoir une pub au milieu de mon film. Si je peux à la limite comprendre la connexion avec Freeze, le couplet de Jul est un OVNI qui selon moi n’a pas sa place ici…
J’vais ramener des millions pour sécher ses larmes si elle a le blues
Mannschaft
L’autre bémol que je mettrais concerne les interludes, toujours aussi bien écrits par Furax Barbarossa et interprétés par José Luccioni. C’était limite mes parties préférées sur le premier tome, je les ai trouvées un peu trop longues par moments et pas toujours utilisées à bon escient. Certaines sont beaucoup plus sombres que les titres qui les entourent.
Je pense notamment à “Le Coup D’avance” qui se trouve entre “Corrida” & “Raisons” où SCH parle d’abord de la réussite dans la rue puis dans le second morceau du fait que les femmes qu’il a rencontrées au cours de son existence avaient souvent raison sur lui, ce qui peut être vu comme un aveu de faiblesse alors que l’interlude parle de massacre, du fait que tout le monde veut sa peau…
Conclusion
Nous sommes tout à fait d’accord pour dire que cet album est un très bon album qui fera partie du top de cette fin d’année. Par contre, nous sommes plus modérés quand on nous parle du meilleur projet de SCH. Il faut que le public et les médias cessent de glorifier un projet dès sa sortie sans avoir de recul dessus, de couvrir d’éloges un album sans mettre le moindre bémol car disons le nous, même les plus grands classiques du rap français ont leur petit défaut et cela n’enlève rien à la grandeur de l’oeuvre.