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Les clips sont assez nombreux dans le rap français mais n’apportent pas toujours un réel intérêt au son. Quand certains artistes sortent un clip juste pour sortir un clip, d’autres tiennent à soigner leurs visuels et s’entourent de réalisateurs talentueux. Nous tiendrons probablement cette nouvelle rubrique tous les mois si le public est réceptif et si les sorties le permettent. C’est parti pour notre sélection de 9 clips rap français à voir en avril.
Sean : “Piano Black”
En 2020, Sean s’est fait remarquer du public rap grâce à ses deux projets “A Moitié Loup” & “MP3+WAV” . Le rappeur parisien avait développé un univers assez sombre où il ramenait progressivement de la lumière au fil des sorties. Une tendance qui s’est confirmée au cours de l’année 2021, marquée notamment par la sortie du feat avec Zinée “WGA” . En 2022, il est revenu avec “Restez Prince” sa nouvelle mixtape très attendue et teasée avec le son “Piano Black” produit par LPO & Roodie.
Ça fait des années qu’c’est ma life, je sors sans aucune raison
Dehors, il fait froid, le vent souffle à chaque saison
Sean : “Piano Back”
Avec Rosemary à la réalisation du clip, à qui l’on doit notamment “Haine & Sex” et “Inhumain” de Gazo ainsi que “Sarah Connor” de S.Pri Noir, le rappeur du 20e a pris le parti d’illustrer son propos par un visuel léché, scénarisé. On le suit en tant que majordome dans une vaste demeure où l’entente n’est pas au beau fixe entre le maître des lieux et sa femme. La tension va monter d’un cran quand cette dernière va être vu par son époux entrain de fricoter avec le jeune homme. Le mari trahi va entrer dans une colère noire… Comment cela se termine-t-il ? Un seul moyen de le savoir, lancer la vidéo. Toujours aussi productif, il a également sorti le clip en mode reverse de “Plus jeune” en fin de mois… D’ailleurs, qu’avez-vous pensé de son nouveau projet ?
Rouge Carmin feat So La Lune : “Enfants Perdus”
Tout sourit à So La Lune depuis deux ans. En attendant la sortie de son premier album “Fissure de Vie” à venir le 27 mai et avant l’EP teasing, le rappeur d’origine comorienne est venu sur le premier projet de son gars Rouge Carmin “Radio Futurista Vol.1” dont nous aurons peut-être l’occasion de reparler. “Enfants Perdus” est produit par Coutié et fait suite à 4 morceaux dont “Goût Vanille” présent sur “Orbite” et “Deux Vies” issu du premier projet de So. Un featuring évident entre deux hommes qui se côtoient au quotidien et qui progressent en parallèle. Cette connexion est leur plus réussie.
Oh, j’ai mal allo maman, j’me rappelle plus de mes rêves d’enfant
Me parle pas d’empathie, depuis que papa est parti
Rouge Carmin “Enfants Perdus”
Pour ceux qui l’ignorent, le Rouge Carmin est un pigment rouge issu d’un insecte : la cochenille dont l’éclat est renforcé par l’ajout de blanc. Dans ce clip, les réalisateurs Orus et Maganugu, avec qui So La Lune a déjà collaboré par le passé, ont joué sur les teintes rouge et blanc à fond. Des figurants aux bâtiments, le contraste est saisissant tout au long de la vidéo et apporte un vrai plus.
Caballero : “Osito”
C’est clairement le boss de fin de cette sélection, le clip “Osito” aura sûrement sa place parmi les 5 meilleurs clips de l’année. Il est la preuve que Caballero ne fait rien comme les autres. Après avoir sorti son EP en 4 versions vinyles, le rappeur belge nous propose une visite dans l’univers Osito avec 5 clips en 1 pour un totale de plus de 8 minutes avec comme réalisateur Dozen pour les quatre premières parties , sur des prods de JeanJass, Dee Eye & Eskondo. Une des scènes a été tournée dans le quartier espagnol de Bruxelles et c’est un véritable trompe l’oeil tant on se croit en milieu hispanique.
J’crame un gramme aussi vite que j’cramerais un pédéraste
J’écoute ta shit, on dirait qu’un bébé rappe
Caballero “Partie II : Time Crisis”
Ce court métrage est un grand aperçu du EP avec des extraits de 5 morceaux sur 7. On suit Caba emprisonné avec une variation des plans, tantôt en mode GTA époque Vice City Stories, que de souvenirs, tantôt dans la nuit sur les docks, là où la sécurité n’est garantie pour personne… Le clip se poursuit à l’aube avec un Caballero apaisé qui passe du temps en famille avant de vite retomber dans ses travers dans la soirée sur un magnifique plan en noir et blanc. Vous trouvez qu’il nous en a assez donné ? Et bien non, généreux, le rappeur belge nous offre une fin de clip animée par Philippe Lozinski dont on vous invite à découvrir le travail.
James Loup : “Rien Ne Va Plus”
Il y a plus de deux ans sur notre précédent site, nous avions mis en lumière la nouvelle scène du rap lyonnais. Un projet qui serait difficilement faisable aujourd’hui au vu de l’explosion du nombre de rappeurs dans la capitale des Gaules. James Loup fait partie de cette nouvelle scène qui se démarque par son originalité et son talent. Avec deux projets sortis en 2019 et 2021, il commence doucement à faire parler de lui notamment grâce à des visuels particulièrement travaillés pour un artiste qui en est encore aux prémices de sa carrière.
Faut que les dangers soient surmontés
Le danger c’est d’être sur son tél
James Loup “Rien Ne Va Plus”
On suit James Loup dans une soirée où il va avoir le chic pour se mettre dans des situations compliquées. Très provocateur et un poil irrespectueux, le jeune homme va réussir à se mettre une bonne partie de la ville à dos. Le principal problème avec ce genre de comportement, c’est que tout se paye un jour et quand le karma le rattrape, le moins que l’on puisse dire c’est que ce dernier ne le rate pas… Avec “Rien Ne Va Plus” produit par Von Goc avec qui il a déjà collaboré sur “Ouaistuv” et co-réalisé par Luc Méneret et lui-même. James Loup nous offre un titre qui fonctionne et qui nous donne envie de découvrir ce qu’il nous a préparé pour la suite !
Vald feat Orelsan : “Péon”
On ne sait pas encore si l’album commun entre Vald et Orelsan sera un jour d’actualité. En attendant, leur deuxième collaboration “Péon” produit par Seezy & HellBoy présent sur l’album “V” a mis d’accord l’ensemble du public des deux artistes. Titre phare, ils nous avaient teasé le clip en dévoilant quelques clichés issus de leur tournage en Bulgarie. Premier élément, le titre : Péon qui correspond à un personnage de Warcraft et plus précisément à un ouvrier utilisé pour ramasser les ressources. Une belle métaphore de notre utilité pour la société actuelle.
Que les miens galèrent, c’est pas possible, j’subis la pression, j’ai mal au bide
Tous les jours, j’m’entraîne, c’est Shaolin, j’suis pas prêt d’redev’nir anonyme
Orelsan : “Péon”
Les moyens mis à disposition de l’équipe de tournage sont dignes du statut de tête d’affiche du duo. Le travail fournit par le réalisateur Romain Chassaing sous l’égide de Solab est à souligner, on lui doit notamment “Putain de Salaire” de Kekra, la pub Winamax ainsi que certains clips de Dizzee Rascal. Les influences sont tirées des univers de Games of Thrones, The Walking Dead ou encore Matrix pour un rendu à mi-chemin entre fantastique et science-fiction. 3min46 de pur régal.
Euteïka : “Drip”
Qui a dit qu’il fallait de gros moyens pour avoir un clip réussi ? Pas Euteïka en tout cas, ni Adrien Di Russo & Sébastien Guerrieri à la réalisation du très beau clip de “Drip” produit par Skywalkers Beats. Rappeur masqué dont on ne sait que peu de choses, Euteïka a commencé le rap à 14 ans en parallèle de sa passion pour le muay-thaï. Après avoir sorti “Décollage” un EP de 6 titres en juin 2021, il devrait envoyer un second EP intitulé “Satellite” prévu pour le mois de juin.
J’garde tout pour moi comme un promoteur
Pas de baume au coeur, colère, gros moteur
Euteïka : “Drip”
Dans ce visuel très soigné, on retrouve Euteïka et une femme en mode Bonnie & Clyde, le tout agrémenté d’arts martiaux, passion que nous évoquions dans le précédent paragraphe. L’ouverture du clip sous la pluie avec une vue qui dévoile petit à petit les protagonistes apporte une véritable ambiance cinématographique et l’ambiance n’est pas sans rappeler une série Marvel comme Daredevil. La créativité des réalisateurs et des rappeurs n’a de cesse de nous faire kiffer de découvrir de nouveaux artistes. Nous finirons en en plaçant une pour le beatmaker Skywalkers Beats avec qui Euteïka à l’habitude de collaborer et qui livre une prod des plus enivrantes collant parfaitement avec le flow mélodieux de l’artiste.
San-Nom : “Hamingja”
Après une absence de plus d’un an, San-Nom a fait son grand retour avec le morceau “Hamingja” produit par Sabbej & M3L. Il a fallu reconnaître le rappeur de Reims qui s’est entre temps laisser pousser les cheveux lui qui nous avait habitué aux cheveux très courts comme sur la cover de son dernier projet en date, la mixtape “Rien” parue en 2020. San-Nom nous a habitué à des titres où il laisse exploser sa folie artistique, de ce côté là, rien n’est perdu pour ce qui est le premier extrait de son prochain album à venir prochainement.
C’est arrêté de partir en vacances comme on part au taff
C’est croire en c’qui nous fait rire et tant pis si ça les choque
C’est faire l’amour dans une église, prier dans un sex shop
San-Nom : “Hamingja”
San-Nom, c’est avant tout un artiste unique, des paroles qui marquent et peuvent choquer puis des clips travaillés où rien n’est laissé au hasard. Pour son grand retour et pour mettre en images son texte axé sur sa ligne de conduite, son code d’honneur et toutes les valeurs qui en découlent, il a fait appel au duo de réalisateurs qui compose TKSH, Jérémy Beaudet & Arnaud Vieron. Ces derniers ont notamment travaillé avec Shy’m, Lefa, Tsew the Kid ou encore Fixpen Sill. Découvrez ce nouveau single et ce visuel très réussi.
L’uZine : “Phoenix”
Figure de proue du rap underground français depuis plus de 10 ans, L’uZine a gardé le cap que le groupe s’est fixé depuis leurs débuts malgré le succès montant aussi bien des membres solos comme Souffrance qu’en tant que groupe à proprement parler. Le dernier album “Jusqu’à la Vie” qui vient de fêter ses deux ans continue d’être défendu sur scène et via les clips comme en témoigne “Phoenix” issu du projet.
J’élève les miens, j’sors de l’ombre pour la renaissance
Afin d’atteindre la reconnaissance
Cenza : “Phoenix”
Sur une prod évidement boombap de Stab, le groupe francilien nous offre un des morceaux phares du projet. Axons nous plus spécifiquement sur le visuel réalisé par Cenza mais filmé par Noswil. 4 MC’s pour un clip réalisé en 4 temps dans 4 environnements différents rappelant les 4 saisons. Le couplet de Cenza dans la neige pour l’hiver, celui de Tonio le Vakeso dans une forêt en automne, Souffrance en plein désert pour l’été et enfin celui de Tony Toxik au milieu de cerisiers du Japon pour symboliser le printemps.
Shay – DA
Alors on vous laissera juger si pour le son vous dîtes oui ou non, mais on ne peut nier le fait que Shay en termes de clips, elle sait y faire. Pour “DA”, en plus de toute une équipe pour les VFX ou la photographie, elle a de nouveau fait appel à Guillaume Doubet déjà à la réal’ de nombreux clips comme “Jolie”, “Liquide” ou encore “Notif”. Très futuriste et en lien avec la technologie comme il l’explique sur son compte Instagram “Après de longues discussions avec Shay, on a fini par comprendre que l’on avait très envie d’aborder le thème de la technologie, et notamment notre volonté de ne plus en être esclave, de ne plus avoir la sensation que nos vies sont programmées par des machines…”, le réalisateur signe ici un de ses meilleurs visuels..
JGG, j’suis la go qui est PDG, A/R Bruxelles-CDG
J’plie ton rappeur, c’est léger
Shay : “DA”
Inspiré de nombreux films de SF comme Blade, Ex Machina, Robocop ou bien Ghost In The Shell, le clip a été tourné au ralenti afin d’accélérer les pas de danse de la rappeuse et d’accentuer le côté robotique. Résultat 3min où la jolie garce sans tabou nous démontre une fois de plus tout son talent devant la caméra. Pour nous c’est un grand “DA” (pour le clip hein qu’on soit d’accord) et nul doute que Shay a tout calculé en sortant ce son en guise de premier single car qu’on le veuille ou non ça fait parler et c’est pas ça le plus important au final ? Elle est de retour c’est officiel, on peut désormais s’imaginer voir arriver un nouveau projet pour cet été et pour succéder “Antidote” sorti en 2019.
Bonus
Parce qu’on ne s’arrête pas qu’au rap français et qu’en cherchant plus loin, on trouve des clips qualitatifs également, petit bonus hors rap sorti dernièrement. Une connexion franco-belge entre deux producteurs de renom, Apashe et Vladimir Cauchemar. “Considering the state of the world today, Vladimir Cauchemar and I no longer want to live on this planet. RIP 💀” , voilà comment le visuel de “RIP” signé Adrian Villagomez (Denzel Curry, Naya Ali…) est décrit. Apocalyptique à souhait, on n’en dit pas plus, on vous laisse apprécier ça tranquillement et constater si les deux protagonistes font partie des gentils ou des méchants.
