10 projets rap fr à ne pas manquer au premier trimestre 2022

10 projets rap fr à ne pas manquer au premier trimestre

Le début 2022 a été marqué par de nombreuses sorties dans le rap francophone, si certaines ont fait beaucoup de bruit, d’autres ont quant à elle été plus discrètes. A deux, nous allons aujourd’hui revenir sur 10 projets rap fr qui ont attiré notre attention ce premier trimestre, de janvier à mars. On aurait pu parler de Veerus, de B.B. Jacques, d’Osirus Jack, de Bavaz ou de Zamdane entre autres, mais ce sont des artistes dont on parle beaucoup tout de même et/ou dont nous avons déjà fait quelques articles pour certains. On a voulu faire une sélection variée et on aurait voulu en mettre plus, mais on compte sur vous pour nous en parler en commentaire.

Insa : “Hendrix”

Une allusion à Nysay et un rappeur qui se décrit comme un mélange d’Adebisi et Merlin, grâce à “Substance” , Insa a su encore plus capter une attention que nous lui avions déjà accordé à l’occasion de la sortie de son premier EP “Field Negro” l’année dernière. Si on vous propose d’écouter un projet aux influences trap, beaucoup d’entre vous vont souffler. Pourtant, depuis ses débuts, Insa a su se servir des codes de ce style musical pour les mixer avec ses influences à lui et un style plus boom-bap pour nous offrir une musique personnelle.

En début d’année, il a sorti son deuxième EP “Hendrix” qui nous a beaucoup plu. 7 titres produits par Deuzé, Roolio, Pazu Beats, O-Soba Beats et lui-même avec pour invités : Lucho, Orion EMS & Le Nej. Fier représentant du 35 et plus particulièrement de la ville de Rennes, il alterne entre raps sombre et beaucoup plus énergique. Ne vous attendez pas à un rap édulcoré car la vision d’Insa est très claire : “j’fais du rap comme Nubi” . 23 minutes captivantes qui nous donnent envie de découvrir ce qu’il nous a prévu ensuite.

Okis : “OK”

Fiers de leur ville comme personne, il n’y a pas plus chauvins que les lyonnais. Si vous ne comprenez pas tous les mots employés par Okis, c’est tout à fait normal. De l’argot lyonnais “chabber” pour regarder, aux joueurs formés au club comme Melvin Bard ou Rayan Cherki en passant par différents spots de la capitale des Gaules : Grange Blanche, Caluire, Croix Rousse, Fourvière, il faut être un habitué du coin, jusque dans la restauration avec Pizza Pino ou Yaffa, pour en saisir toute la substance. Même les outros des fins de morceaux reprennent des personnalités lyonnaises comme la légendaire interview post-match de Fekir à City.

Cependant, l’EP “OK” vous fera kiffer malgré tout car Okis est un vrai bon rappeur et a su également trouver son public hors de sa ville. La définition la plus simple du rap, une instru, un texte bien écrit et un kickeur. Il a promis que la suite serait beaucoup moins axée sur Lyon donc beaucoup plus accessible au reste du public. En attendant, venez bouger la tête avec nous sur les 8 titres.

Roseboy666 : “Prettiest Loser”

Pour tout rappeur, l’étape du premier album est très importante. C’est en général le projet le plus intimiste qu’il puisse livrer. Mais qu’en est-il pour un producteur ? Il ne va pas rapper mais il se doit d’avoir une ligne directrice claire au risque de sortir des clous et de livrer juste une compile de morceaux. Avec Roseboy666, aucun risque de sortie de piste. Il a invité 10 artistes sur les 10 tracks de son premier album “Prettiest Loser” et aucune tête d’affiche bien que le talent soit présent tout au long du projet.

Avec Khali, Babysolo33, Hyacinthe, The Pirouettes, Sidi Sid ou encore AnNie.Adaa, la tracklist faisait saliver. Le résultat est bienheureusement au rendez-vous et l’idée de venir nous parler de différentes manières de ruptures est une vraie réussite. L’album suit une ligne directrice sur le thème de la rupture, du titre du projet aux titres des morceaux “Explique-Moi” , “Sourire Menteur” , “Fake Love” etc, le tout sur des textes en adéquation avec l’univers deep qu’il a pu développer en temps que producteur. Multipliant les casquettes, vous avez pu l’apercevoir dans le clip “Popopop” de Gambi ainsi qu’à la direction artistique de “Sous Les Nuages” de Nekfeu.

23wa : “3”

Parlons ouvertement, l’album “3” de 23wa n’est clairement pas à mettre dans toutes les oreilles mais fait partie de mes projets préférés de ce premier semestre. Découvert par hasard en suggestion sur Insta le jour de la sortie de son troisième album, je me suis pris la vibe mi-électro, mi-rap de cet autodidacte qui est à la fois rappeur/chanteur, producteur/beatmaker, monteur et graphiste. Originaire d’Aix en Provence et âgé de 18 ans, 23wa fait de la musique de façon assez artisanale depuis chez lui et nous a déjà sorti 4 projets en 2 ans.

Pour le dernier “3” , il l’a bossé pendant 8 mois quasiment enfermé à modifier continuellement une partie d’instru, rajoutant un couplet, un featuring car il y a énormément d’invités, pas moins de 23. C’est très expérimental, mais pour m’être plongé dans le reste de sa discographie, c’est son meilleur projet et une vraie vague de fraicheur. Il n’a pour l’instant pas prévu de bosser sur le quatrième album mais juste de continuer à faire de la musique en plaçant des instrus à droite à gauche comme il l’a annoncé lors d’un live insta.

6rano : “33”

Les années passent et je me désespère de pouvoir enfin parler de 6rano parmi les artistes côtés du rap français. Dans le game depuis le milieu des années 2000, il a traversé les époques avec toujours cette même plume caractéristique et une double casquette de rappeur/chanteur. Depuis plusieurs années, on le voit sortir des EP qualitatifs à intervalle de temps régulier, 8 depuis 2019.

6 titres l’année de ses 33 ans avec encore plus de chant qu’à l’accoutumée, lui qui vient du gospel, mais toujours autant d’insolence “c’est moi qui vais sauver le rap français mais ils ne le savent pas” . Un featuring avec A2H qui est en pleine bourre depuis 2 ans, de la drill&b comme il a appelé ça, 6rano nous présente “33” votre bouffée d’oxygène qui s’écoute encore mieux maintenant que le soleil est de retour.

Golgoth : “Chrysalide”

On n’avait pas encore parlé de la Belgique, rattrapons nous vite. Suivez-nous à la découverte de Golgoth, jeune rappeur liégeois qui gratte des textes depuis son adolescence. Dans la continuité de son premier EP “Golgoth est Mort” sorti l’année dernière, le 10 titres “Chrysalide” va encore plus loin et est même mon coup de coeur de ce début d’année.

A l’aise sur différents types d’instru, Golgoth, qui est rentré dans le rap via le break, se paye le luxe d’inviter Sheldon sur un titre et plusieurs membres de la scène belge avec Venlo, Jali et la chanteuse Helora Rose. Les histoires d’un jeune homme entre femmes, insolence et potes. Actif depuis fin 2020, le niveau acquis en si peu de temps est bluffant. Est-ce que cela sera suffisant pour pouvoir suivre la route tracée par Damso, Hamza ou encore Roméo Elvis ? Réponse dans les prochaines années…

H JeuneCrack & Beamer : “Mauvaise Musique”

Dans la veine des rappeurs émergents et touche-à-tout, H JeuneCrack, rappeur, compositeur et ingénieur du son, a clairement tiré son épingle du jeu en ce début d’année, entre son projet “2ème Cycle” qui aurait également eu sa place ici et surtout la sortie de son projet commun avec Beamer : “Mauvaise Musique”. Un titre qui est un beau pied de nez aux puristes qui ne comprennent pas les codes de ce nouveau vent qui souffle sur le rap français.

Ce court EP de 5 titres est intéressant sur plusieurs points. Beamer est installé depuis quelques années déjà dans le game notamment via son groupe Summum Klan, le voir collaborer avec H JeuneCrack qui le considère comme un grand frère est une belle preuve de l’esprit hip-hop. Deuxièmement, l’alchimie sur les 5 titres est surprenante. On a l’impression qu’ils rappent ensemble depuis des années déjà. Le titre “Dérapages” est, selon mon humble avis, le meilleur du projet et laisse place à toute l’insolence du jeune H, le freestyle déchire et l’outro est remplie de petits passe-passe qui fonctionnent parfaitement. Depuis, Beamer a déjà annoncé un nouveau projet avec le beatmaker marseillais C4PA, son 3ème projet en commun en l’espace de 6 mois après “Dystopia” et celui-ci.

Reynz – Pluie Vol.2

Alors oui Reynz a déjà été mentionné à deux reprises sur le site, mais un peu à la façon de Okis pour représenter Lyon, il s’agit du rappeur qui représente le mieux Brest. Avec “Pluie Vol.1” sorti il y a deux ans et même un an avant ça avec “Olympique Poésie”, il faisait déjà partie de nos coups de coeur. Avec “Pluie, Vol.2”, il vient confirmer tous les espoirs placés en lui et nous offre encore une belle palette colorée de sa musicalité. C’est d’ailleurs un clip tourné au stade Francis Le Blé avec les ultra brestois qui l’a mis un peu plus en lumière et permis de dépasser les 50 000 vues car ce dernier a été relayé par de nombreux médias comme So Foot ou des journaux plus généralistes.

Du rhum, des femmes et d’la pluie nom de Dieu, voilà comment on pourrait résumer les deux volumes pour reprendre Soldat Louis. Juste la vie d’un jeune brestois de la génération 90 vivant la nuit à arpenter les rues grisâtres et pluvieuses de la ville du footballeur Gonzalo Higuain. Sur des productions de Protein Papi et accompagné de Poochka, Gak et Shanti Vibes, Reynz dépeint le 30-1 comme personne en gardant espoir d’une vie plus ensoleillée même s’il préfère la pluie.

AnNie .Adaa – Qu’aujourd’hui ne meure jamais

Avant de parler de son feat avec Roseboy666 plus haut, la dernière fois qu’on a parlé de AnNie . Adaa c’était sur un autre média et il s’appelait toujours KuRt 20:20. Depuis il a sorti 4 projets, dont le dernier en date “Qu’aujourd’hui ne meure jamais”; petite référence au film “Demain ne meurt jamais” ? Le rappeur parisien fait partie de ceux qu’il est très difficile de mettre dans une case, sa musique assez expérimentale n’est pas à la portée de tout le monde et il possède un style assez sombre que l’on peut déjà apercevoir en jetant un rapide coup d’oeil à la tracklist.

Pourtant, il maitrise son univers à la perfection, les instrus de Jesza, PR, Jim Casanova et Piège sont parmi les plus intéressantes de ces derniers mois et quand on assemble le tout cela donne naissance à 11 titres d’une musicalité folle. Tout comme Eden Dillinger, présent sur l’outro, on sent qu’Annie .Adaa est un artiste éclectique et que ses influences sont nombreuses, il s’agit probablement de son projet le plus perso et réussi à ce jour. Tout ce qu’on lui souhaite c’est de toucher le ciel et de briller deux fois plus.

Asinine – C’est les autres

Enfin, on conclut avec une demoiselle qui pourrait donner du fil à retordre à certains rappeurs à l’avenir tant le talent est déjà présent. En seulement 3 sons, la rappeuse marseillaise a réussi à nous convaincre aisément avec un style singulier et une esthétique visuelle soignée comme en témoigne le clip éponyme du projet “C’est les autres”.

Il y a de plus en plus de rappeuses, Asinine est de celles à suivre sans se poser de questions. Un rap très personnel partagé entre egotrip et introspection, un style écorché vif et une voix saturée posée sur des prods draconiennes de Briac Severe et Raaji, c’est la recette gagnante pour une première carte de visite réussie.

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